Si la réélection d'Emmanuel Macron avec plus de 58% des voix a été saluée par ses partisans rassemblés sur le Champs de Mars à Paris, elle a également été synonyme de heurts dans la soirée du 24 avril. Place de la République, notamment, plusieurs centaines de manifestants s'étaient réunis, principalement des jeunes issus des mouvances antifascistes selon l'AFP. Le rassemblement a débuté dans calme, sous la surveillance d'un important dispositif policier.
Différents slogans ont été scandés tout au long de la manifestation. «Louis XVI on l'a décapité, Macron on peut recommencer», a-t-on pu entendre.
La police a ensuite fait usage de lacrymogènes pour disperser la foule, après avoir reçu différents projectiles et lancé plusieurs sommations.
Les forces de l'ordre ont enfin chargé pour disperser les manifestants.
L'ambiance était toute autre sur le Champs de Mars, où les partisans du président de la République s'étaient réunis pour écouter le discours d'Emmanuel Macron, agitant drapeaux français et européens.
Des ministres étaient notamment de la partie pour célébrer la victoire du président sortant.
Manifestants et heurts à Rennes et Nantes
A Rennes également, la soirée électorale a été émaillée d'incidents. Peu après l'annonce de la victoire du président sortant sur Marine Le Pen, ils étaient en effet plusieurs centaines – 250 selon la préfecture – à se rassembler dans le centre de Rennes, malgré un important déploiement des forces de l'ordre.
«Ce qu'on n'aura pas par les urnes, on l'aura par la rue», pouvait-on lire sur une banderole déployée par les protestataires, qui ont ensuite défilé aux cris de «Macron nous fait la guerre et sa police aussi» ou «A bas l'Etat, les flics et les fachos». Certains des participants au rassemblement avaient pourtant choisi de voter pour Emmanuel Macron au second tour afin de «faire barrage à l’extrême droite», comme l'a fait un étudiant en histoire de 19 ans cité par l'AFP.
En marge de cette manifestation, des individus ont mis le feu à plusieurs poubelles, obligeant les pompiers à intervenir à trois reprises, selon la préfecture qui avait interdit la manifestation. Les forces de l'ordre ont procédé à quelques tirs de gaz lacrymogène aux abords du canal qui traverse Rennes.
Dans le centre de Nantes, un cortège d'environ 400 à 500 personnes a défilé derrière une banderole proclamant «Besoin de révolution». Le rassemblement a viré à l'affrontement avec les forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène.
A Toulouse, quelque 500 personnes ont également participé à une manifestation dont le mot d'ordre était «Ni Macron ni Le Pen, révolution». «Assez, assez, de cette société, qui traque les sans-papiers et fout Zemmour à la télé», ont-elles scandé.
L'AFP a également rapporté des incidents à Caen, où environ 200 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, pour l’essentiel de la mouvance révolutionnaire et libertaire, et ont manifesté pour contester le scrutin. Quelques poubelles ont été brûlées et un manifestant interpellé. A Strasbourg, une centaine de personnes ont défilé sans incidents dans les rues presque désertes de la ville derrière une banderole où était écrit : «Travailleurs, chômeurs, jeunes, retraités, on mérite mieux que ça, avec ou sans papiers».
Emmanuel Macron a été réélu avec plus de 58% des voix, selon les résultats définitifs du second tour de l'élection présidentielle. Sa victoire a soulevé de nombreuses réactions, des soulagements pour avoir fait «barrage» à Marine Le Pen, aux félicitations adressées par la Commission européenne, mais aussi à l'alerte sur l'abstention élevée, faisant d'Emmanuel Macron le président de la Ve République le plus mal réélu selon Jean-Luc Mélenchon.