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Sanctions contre la Russie : la Suisse décide de ne pas censurer RT et Sputnik

Reprenant la plupart des sanctions de l'Union européenne contre la Russie, le Conseil fédéral suisse a cependant écarté l'idée de censurer RT et Sputnik, estimant qu'une interdiction serait inefficace.

D'ordinaire alignée sur l'Union européenne sur les sanctions à imposer à la Russie pour lutter contre ses opérations militaires en Ukraine, la Suisse a toutefois fait une exception sur l'interdiction des médias financés par la Russie RT et Sputnik.

Là où la Commission européenne avait annoncé cette censure en grande pompe fin février pour afficher sa détermination à lutter contre les «mensonges» supposés de ces médias, le Conseil fédéral, l'organe exécutif suisse, a résolu le 25 mars de ne pas suivre cet exemple. 

«Même si ces canaux sont des outils de propagande et de désinformation de la Fédération russe, le Conseil fédéral est convaincu qu’il est plus efficace, pour contrer des affirmations inexactes et dommageables, de leur opposer des faits plutôt que de les interdire», affirme la chaîne RTS sur le sujet. 

Les Suisses jugés capable de discernement 

En amont de cette décision, le conseiller fédéral à l'Economie Guy Parmelin avait jugé dans les journaux du groupe Tamedia que cette interdiction représentait une «question politique très délicate». S'il a estimé que ces médias sont des «instruments de la propagande et de la guerre russes», il a déclaré les Suisses capables de juger ce qui est de la «propagande absurde» et ce qui ne l'est pas.

Il est précisé par RTS que si le Conseil fédéral a résolu de dupliquer les sanctions européennes, chaque nouvelle décision doit cependant être examinée. La Suisse semble avoir donc voulu privilégier sur ce point ses principes démocratiques plutôt que d'interdire arbitrairement un média, ce qui chez son voisin français n'a pas manqué de soulever des critiques. 

L'interdiction de RT France et de Sputnik en France a notamment été dénoncé par plusieurs syndicats de journalistes. «Fermer un média est un acte grave, qui doit reposer sur des preuves solides et de lois, afin d’éviter l’arbitraire», avait déclaré Ricardo Guttiérrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes au média Arrêt sur images. 

«S'en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l'information. Ce n'est jamais la bonne réponse», avait écrit le Syndicat national des journalistes dans un communiqué. Le syndicat Force ouvrière a pour sa part dénoncé une décision qui «porte le sceau d’un arbitraire le plus total et n’est ni plus ni moins qu’un acte de censure inédit dans notre pays». Le SNJ-CGT a estimé pour sa part que l'Union européenne n'avait pas la compétence pour interdire un média, procédure qui relève d'ordinaire de l'Arcom en France.