La collectivité territoriale de Corse (équivalent d'un conseil régional) a décidé de mettre en berne le drapeau historique de l'île après la «mort tragique» d'Yvan Colonna. Le militant indépendantiste qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998, est décédé dans la soirée du 21 mars des suites de son agression par un codétenu condamné pour terrorisme à la prison d'Arles début mars.
Dans un communiqué publié le 22 mars, la collectivité corse a annoncé avoir pris cette décision «pour exprimer la tristesse collective ressentie par [le] peuple [corse] après la mort tragique d'Yvan Colonna».
Cette décision a rapidement suscité la désapprobation parmi certains responsables politiques. A commencer par celle du Président de la République : alors qu'il était interrogé sur ce sujet lors d'une interview sur M6, Emmanuel Macron a répondu sans autre commentaire : «C'est une faute et c'est inapproprié.»
A gauche, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (Gauche républicaine et socialiste) a dénoncé la décision de la collectivité corse mais aussi la faible réaction, selon elle, du chef de l'Etat. «Quelle honte! Des drapeaux en berne pour un assassin .. qui plus est d’un préfet. les mots d’Emmanuel Macron parlant de faute et d’action inappropriée sont d’une faiblesse confondante devant la gravité de cette provocation. On attends plus de force du président de la RÉPUBLIQUE», a-t-elle déclaré.
Même son cloche chez Manuel Valls. «Une chose est de respecter la douleur et le deuil de la famille Colonna, une autre est de transformer un homme, condamné pour l’assassinat d’un préfet de la République, en héros et martyr. C’est insupportable. J’imagine que l'Etat sur place réagira», a déclaré l'ancien Premier ministre.
Le mouvement Printemps républicain, a également dénoncé une «décision indigne» de la collectivité de Corse. «Toute la lumière doit être faite sur le meurtre d'Yvan Colonna mais qu'on lui rende un hommage public est inconcevable», a écrit l'association laïque sur son compte Twitter.
A droite, le député LR Julien Aubert a lui aussi fustigé la décision de la collectivité territoriale de Corse. «Voilà maintenant qu’en France, une collectivité locale partie intégrante de la République met les drapeaux en berne [...] pour saluer la mémoire de l’assassin de préfet ? Quelle que soit l’émotion, c’est inacceptable», a-t-il lancé.
L'agression d'Yvan Colonna avait provoqué une explosion de colère, avec des manifestations parfois violentes, à travers toute la Corse. Cette colère avait culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, avec une manifestation qui avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l'ordre.
Le calme est revenu la semaine passée avec une visite de trois jours en Corse du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, visite au cours de laquelle le locataire de la place Beauvau a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l'île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité.