Plusieurs centaines de lycéens d'Ajaccio manifestaient le 8 mars devant la préfecture de région en soutien à Yvan Colonna, assassin du préfet Claude Erignac, des heurts entre manifestants et forces de l'ordre faisant deux blessés légers, selon le procureur.
Venus de trois lycées, les jeunes manifestants ont défilé dans les rues d'Ajaccio derrière une banderole où l'on pouvait lire en langue corse : «Etat français assassin», a constaté une journaliste de l'AFP. Ce slogan est le plus repris en Corse depuis qu'Yvan Colonna, incarcéré à Arles (Bouches-du-Rhône) pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, a été violemment agressé par un codétenu le 2 mars. Depuis, il est entre la vie et la mort, soigné dans un hôpital marseillais.
Les manifestants ont tenu un point presse devant le lycée Laetitia Bonaparte, soulignant : «Après la mobilisation initiée la semaine dernière par l'ensemble de la famille nationaliste, les syndicats étudiants et l'ensemble du peuple corse, nous ne pouvions pas, nous lycéens corses, ne pas apporter notre soutien fraternel à Yvan Colonna, prisonnier politique incarcéré depuis 2003, et à sa famille.»
«La responsabilité de l'Etat est totale pour l'avoir laissé seul avec un radicalisé», a ajouté l'un des six jeunes qui ont pris la parole, appelant à la démission du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, également ancien avocat d'Yvan Colonna et demandant la libération «de tous les prisonniers politiques corses».
Devant la préfecture, des heurts ont ensuite éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre, a constaté une journaliste de l'AFP.
Deux mineurs blessés par des tirs de LBD
«On a deux jeunes mineurs, l'un âgé de 14 ans, qui ont été touchés par des tirs LBD [balles de défense]. Ils ont été hospitalisés pour des blessures légères», a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Ajaccio, Nicolas Septe. «Il s'agit de tirs en réplique notamment à des jets de cocktails molotov sur la préfecture», a-t-il ajouté. «Les autorités déplorent la situation et appellent à l’apaisement», a indiqué dans un communiqué la préfecture, précisant que «l’un des manifestants ayant lancé des cocktails molotov a été touché au niveau du haut du torse» par un «tir de lanceur de bal de défense».
La mobilisation lycéenne en soutien à Yvan Colonna a débuté le 7 mars, au lendemain d'une manifestation à Corte (Haute-Corse) qui a réuni 4 200 personnes selon les autorités, 15 000 selon les organisateurs.
A Corte, le conseil d'administration de l'université de Corse, bloquée depuis le 3 mars, a exprimé le 8 mars «son indignation et sa colère», apportant «son soutien entier et solidaire à la famille et aux proches d'Yvan Colonna». «La communauté universitaire demande solennellement la libération de tous les prisonniers politiques corses, acte fondateur d'une nouvelle page de l'histoire de la Corse», ajoute-t-il dans cette motion adoptée à l'unanimité.