Une action en bourse qui dévisse et un directeur général limogé. Le groupe Orpea, leader mondial de l'hébergement des personnes âgées, est au cœur d'un scandale après la parution du livre Les Fossoyeurs, une enquête du journaliste Victor Castanet qui dénonce un système de course au profit au détriment des résidents d'Ehpad, avec des soins d'hygiène, une prise en charge médicale et des repas «rationnés» par souci de rentabilité.
Le 31 janvier, alors que la capitalisation de l'entreprise avait fondu de moitié en dix jours, le conseil d'administration d'Orpea a annoncé le départ d'Yves Le Masne, directeur général depuis plus de dix ans. Il a été remplacé par Philippe Charrier, promu de président non exécutif à PDG, et chargé selon le communiqué du groupe de «garantir que les meilleures pratiques sont appliquées dans toute l'entreprise et de faire toute la lumière sur les allégations» qui ébranlent depuis une semaine le géant français des maisons de retraite (1 156 établissements, plus de 116 000 lits dans 23 pays).
L'ancien directeur avait revendu ses actions en apprenant la préparation de l'enquête
Le lendemain, la ministre chargée de l'Autonomie des personnes âgées Brigitte Bourguignon a annoncé l'ouverture de deux enquêtes administratives, une de l'Inspection générale des finances et une de l'Inspection générale des affaires sociales. Ce 2 février, la représentante du gouvernement a accusé les dirigeants du groupe – qu'elle a «convoqués» la veille dans son bureau – de ne pas se remettre «en question» et de faire preuve d'un «cynisme pur». «On est là au cœur d'un système, je pense», a-t-elle commenté sur LCI, alors que selon les informations du Canard enchaîné du même jour, l'ancien DG Yves Le Masne a revendu fin juillet 2021 environ 588 000 euros d'actions du groupe – alors au plus haut à 108 euros le titre – après avoir appris la préparation du livre Les Fossoyeurs.
Face au scandale, le nouveau PDG Philippe Charrier a assuré le 1er février, après son rendez-vous avec la ministre, être «très heureux d'avoir ces inspections et ces contrôles», assurant vouloir faire «toute la lumière» sur ces accusations. «Nous comprenons parfaitement l'émotion des résidents, des familles et des collaborateurs» à l'égard des accusations relayées dans le livre de Victor Castanet, mais «ce que nous avons lu ne correspond absolument pas à la réalité de la vie dans nos établissements», a toutefois assuré le patron du groupe privé, affirmant que «plusieurs accusations sont infondées» et qu'il en a «la preuve formelle, documentaire».
«Nous n'acceptons pas qu'une société comme la nôtre, qui essaye de faire le meilleur au quotidien pour les résidents et les collaborateurs, soit accusée de cette manière sans avoir été jugée au préalable», a poursuivi le PDG.