Les patrons de dix compagnies aériennes américaines ont mis en garde le 17 janvier les autorités des Etats-Unis du potentiel «chaos» que représenterait le déploiement le 19 janvier, comme prévu, de la technologie d'internet mobile ultra rapide 5G autour des aéroports, dans une lettre obtenue par l'AFP.
«Une intervention immédiate est nécessaire pour empêcher une importante perturbation opérationnelle pour les passagers, les transporteurs, les chaînes d'approvisionnement et la livraison de fournitures médicales essentielles», écrivent-ils à deux jours de l'entrée en service prévue de la 5G.
Les acteurs du secteur aérien aux Etats-Unis s'inquiètent des conséquences de la 5G sur les avions en raison de possibles perturbations sur les instruments de bord.
«Sur une journée comme hier [le 16 janvier], plus de 1 100 vols et 100 000 passagers seraient sujets à des annulations, détours, ou retards», redoutent notamment les patrons des compagnies American Airlines, Delta, ou encore Southwest, mais également ceux des divisions aériennes des géants de la logistique FedEx et UPS. «Pour être franc, le commerce de la nation s'arrêtera net», ont-ils déclaré.
Une «calamité économique» à venir ?
«Compte tenu du faible temps restant et de l'importance de cette calamité économique complètement évitable, nous demandons respectueusement que vous souteniez et preniez toutes les actions nécessaires pour que la 5G soit déployée sauf lorsque les tours sont trop proches des tarmacs des aéroports», demandent-ils au gouvernement américain, à l'agence de sécurité aérienne, la FAA, et au gendarme des télécoms, la FCC.
Ils souhaitent ainsi une pause, «jusqu'à ce que la FAA puisse déterminer comment ce déploiement peut être accompli en toute sécurité sans perturbation catastrophique».
La FAA a publié une brève déclaration le 17 janvier, cherchant apparemment à apaiser ces inquiétudes, sans toutefois annoncer de mesures concrètes.
«Ayant la sécurité comme mission principale, la FAA continuera de veiller à ce que les voyageurs soient en sécurité pendant que les entreprises de téléphonie mobile déploient la 5G», a déclaré l'agence. «La FAA continue de travailler avec le secteur de l'aviation et les entreprises de téléphonie mobile pour tenter de limiter les retards et les annulations de vols liés à la 5G».
La FAA avait déclaré le 16 janvier avoir approuvé l'utilisation de certains répétiteurs en toute sécurité dans les zones où la 5G sera déployée, dégageant «jusqu'à 48 des 88 aéroports les plus directement touchés par les interférences de la bande C de la 5G».
Les nouvelles directives de la FAA peinent à convaincre les compagnies aériennes
Début janvier les compagnies aériennes avaient obtenu un nouveau délai, jusqu'au 19 janvier, pour le déploiement des nouvelles bandes de fréquence.
Elles menaçaient, via leur fédération Airlines 4 America, de poursuivre en justice les géants des télécommunications AT&T et Verizon afin d'obtenir ce délai et des modifications techniques dans le déploiement de la dernière génération d'internet mobile ultra rapide. Des bandes de fréquence 3,7-3,8 GHz ont été attribuées à AT&T et Verizon en février 2021 à l'issue d'un appel d'offres de plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Face à des inquiétudes sur de potentiels problèmes d'interférence avec les appareils mesurant l'altitude dans les avions, la FAA avait émis de nouvelles directives limitant l'utilisation de ces appareils de bord dans certaines situations. Mais les compagnies aériennes américaines se sont élevées contre les potentiels coûts induits, et ont appelé les autorités à trouver rapidement une solution.
En décembre, les avionneurs européen Airbus et américain Boeing avaient eux aussi exprimé leur «inquiétude» au sujet de possibles perturbations sur des instruments de bord de leurs appareils par la 5G, dans une lettre au ministère américain des Transports.