France

Séparatisme : avec une vingtaine de mosquées fermées, le quinquennat Macron a-t-il détonné ?

Selon Marianne, 99 lieux de culte musulman ont fait l'objet d'un contrôle par l'Etat sur les 2 623 qui se trouvent en France. 22 ont en outre été fermés en quelques mois faisant d'Emmanuel Macron un champion en la matière comparé à ses prédécesseurs.

Les autorités françaises sont semble-t-il passées à la vitesse supérieure en termes de contrôle des lieux de culte musulman. Ces derniers mois, plusieurs fermetures de mosquées et de salles de prières suspectées de diffuser une idéologie radicale sont survenues, rapporte l'hebdomadaire Marianne le 17 janvier. «Pendant ce quinquennat, l'administration s'est mise en ordre de bataille», a déclaré au magazine le préfet Christian Gravel, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CPIDR). Une autre source anonyme de l'hebdomadaire, un haut fonctionnaire, a déclaré que «lors des précédents quinquennats, ces fermetures se comptaient sur les doigts d'une main».

Marianne affirme ainsi, d'après le ministère de l'Intérieur, que 99 lieux de culte musulman (sur les 2 623 recensés par les autorités), ont été contrôlés ces derniers mois car soupçonnés de «séparatisme». A la suite de ces investigations, 36 d'entre eux ont été mis hors de cause car ils respectaient les principes de la République «suite à un changement d'imam ou de gouvernance associative».

22 lieux de culte ont en outre été fermés «du fait de prescriptions administratives, d'une décision judiciaire, d'une reprise de bail, de travaux ou d'une fermeture administrative», a déclaré le ministère de l'Intérieur. L'AFP, se référant à des chiffres de décembre 2021 a fait état, de son côté, le 12 janvier de 21 mosquées fermées pour ces mêmes raisons. Cinq lieux font quant à eux «l'objet d'une instruction» en vue d'une possible fermeture dont celle de Cannes (Alpes-Maritimes). Son recteur et imam Ahmed Guessoum, a qualifié la décision d'«injuste et injustifiée».

Le 12 janvier, Gérald Darmanin a publié un communiqué de presse annonçant qu'une procédure de fermeture administrative était engagée contre la mosquée Al Madina Al Mounawara de Cannes en raison notamment de propos incitant à la haine «envers les homosexuels ou transsexuels», et des propos faisant montre d'une «haine antisémite explicite». «Nous fermons l'une des mosquées de Cannes parce que nous lui reprochons des propos antisémites, des soutiens au CCIF [Collectif contre l'islamophobie en France] et BarakaCity», a justifié par ailleurs le ministre sur CNews. Les associations «islamistes», selon le ministre, CCIF et BarakyCity ont été dissoutes dans le sillage de l'assassinat de Samuel Paty en octobre 2020.

Fin décembre, la justice a confirmé la fermeture de la mosquée de Beauvais (Oise) pour des prêches d'un imam faisant notamment l'apologie du djihad armé. Fin octobre, c'est la mosquée d'Allonnes (Sarthe), près du Mans, accueillant environ 300 fidèles, qui a été fermée pour six mois sur décision préfectorale car soupçonnée de légitimer le djihad armé ou le terrorisme lors de ses prêches.

Selon un haut fonctionnaire cité par Marianne, les fermetures de lieux de culte jugés en infraction avec les lois de la République sont beaucoup plus fréquentes que lors des quinquennats précédents. Gérald Darmanin estime pour sa part qu'il existe «70 lieux de culte radicalisés en France». 

Mais ces fermetures ne s'opèrent pas sans son lot de critiques. C'est ainsi que Gilles Leproust, le maire communiste d'Allonnes, avait dénoncé en décembre le manque de transparence et de conciliation des autorités dans la fermeture administrative (pour six mois, décidée fin octobre) de la mosquée de sa ville, décrite comme un «traumatisme» pour ses fidèles.