France

«Dialoguer au lieu de moraliser» : Christiane Taubira annonce sa candidature à la présidentielle

Christiane Taubira, ancienne garde des Sceaux – et collègue d'Emmanuel Macron sous la présidence Hollande –, a annoncé ce 15 janvier sa candidature à l'élection présidentielle, 20 ans après celle de 2002. Avec pour objectif d'unir une gauche divisée.

Nouvelle candidature au sein d'une gauche plus que jamais divisée. L'ex-ministre Christiane Taubira a officialisé ce 15 janvier à Lyon sa candidature à l'élection présidentielle, affirmant vouloir répondre «aux colères» face aux «injustices sociales». «La pandémie a révélé une souffrance sociale qui a frappé toutes les générations», a déclaré l'ancienne candidate la présidentielle de 2002 lors d'un rassemblement militant pour l'union de la gauche, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, choix symbolique et clin d'œil aux Canuts, les anciens ouvriers de ce quartier de la soie.

Christiane Taubira a notamment expliqué vouloir convoquer une «conférence sur les salaires», défendre un gouvernement «qui sache dialoguer au lieu de moraliser et de caporaliser» ou encore permettre la mise en place du référendum d'initiative citoyenne (RIC) – une des principales revendications du mouvement des Gilets jaunes. Invitée du 20h de France 2 ce 15 janvier, elle présentera plus tard son programme, qui contiendra «des surprises et des idées neuves», mais «sans être un catalogue La Redoute ou Ikea de 1 000 propositions».

L'ex-garde des Sceaux de François Hollande (et collègue d'Emmanuel Macron dans le gouvernement Valls entre 2014 et 2016), connue notamment pour la loi reconnaissant l'esclavage comme un crime contre l'humanité et son combat pour l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, met ainsi un terme à l'attente qu'elle avait suscitée chez une partie des électeurs le 17 décembre, en annonçant «envisager» d'être candidate, face à «l'impasse» d'une gauche fragmentée.

Pas de percée dans les sondages

A moins de trois mois de la présidentielle, peut-elle réussir à faire une union qui a jusque-là échoué, alors que certains socialistes la regardent encore comme ayant contribué par sa candidature à l'éviction de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle de 2002 ? Elle n'avait alors recueilli que 2,32% des suffrages.

Son entrée dans l'arène il y a un mois ne s'est pour l'heure pas traduite par une percée dans les intentions de vote, malgré la ferveur dont elle bénéficie chez une partie des électeurs de gauche. Et sa candidature «ajoute de la confusion à la division» selon ses détracteurs, alors que cinq autres candidats sont déjà en lice, sans réussir à s'imposer : l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel et le chantre de la «Remontada» de la France Arnaud Montebourg.

Christiane Taubira a promis de se soumettre à l'initiative citoyenne de la primaire populaire, une «investiture» par des électeurs de gauche – déjà 120 000 inscrits pour voter –, quel que soit le résultat. Même si ses soutiens font mine de croire que rien n'est gagné, elle part favorite de cette consultation, d'autant que les autres candidats de gauche dont les noms seront aussi proposés à ce scrutin ont tous refusé de s'y soumettre.