France

Fake news : «Il existe dans les propos d’Emmanuel Macron un certain manichéisme»

Régis Le Sommier a commenté les vœux à la presse du président de la République. Le chef de l'Etat a abordé le thème de la liberté de la presse et des «fake news». Non sans «un certain manichéisme» et un manque de pragmatisme, selon le grand reporter.

Régis Le Sommier, grand reporter à RT France, a livré ses impressions à l'issue des vœux à la presse d’Emmanuel Macron du 11 janvier, en présence notamment du bureau de l'Association de la presse présidentielle (APP) et d'autres représentants de la profession.

Ouvrant ses vœux sur la situation d'Olivier Dubois, seul otage français retenu au monde, au Mali plus précisément, «Emmanuel Macron affirme et réaffirme le fait que la France mette tout en œuvre pour obtenir la libération d'Olivier Dubois», a reconnu Régis Le Sommier. Toutefois, «la réalité de ce qui se passe au Mali actuellement contredit un petit peu ce que dit le président», a-t-il nuancé, rappelant les relations tendues entre la France et les autorités maliennes, qui ne constituent pas «une circonstance favorable supplémentaire pour la libération d'Olivier Dubois, malheureusement, alors qu'elle avait pu l'être pour celle de Sophie Pétronin».

L'isolement du Mali, notamment par le biais des nouvelles sanctions prises par la Cédéao et les réactions maliennes ayant rappelé les ambassadeurs en Afrique de l'Ouest tout en fermant les frontières du pays, participent également aux difficultés de la situation d'Olivier Dubois. «Cette situation et cette absence de dialogue entre la France et le Mali ne créent pas une atmosphère dans laquelle Olivier Dubois pourrait être libéré», a résumé Régis Le Sommier.

Légiférer sur les fake news revient à définir ce qui est bon ou mauvais, selon Régis Le Sommier

Outre le cas d'Olivier Dubois, le président de la République a également soulevé les enjeux autour de la liberté de la presse, qui a exprimé le besoin d'«une presse forte, libre et indépendante, dans le pluralisme et le respect de la déontologie». Une déclaration pour laquelle Régis Le Sommier affirme : «sur le papier, on est tous d'accord».

«Le problème, c'est qu'à partir du moment où on légifère sur ces "fake news", on en vient à définir qui est bon et qui n'est pas bon», selon Régis Le Sommier, pour qui «il existe dans les propos d’Emmanuel Macron un certain manichéisme».

«Quand on connaît aussi la façon dont le gouvernement français fonctionne... On sait par exemple qu'on a deux confrères qui ont été accusés et qui ont été convoqués par le ministère de la Défense parce qu'ils avaient osé révéler que des armes françaises avaient été vendues et utilisées au Yémen, et que ça mettait en cause les intérêts supérieurs de la France. Donc quand il s'agit des "intérêts supérieurs de la France", là en ce moment il y a blocage, et là on ne peut pas communiquer, on ne peut pas faire notre métier», a asséné Régis Le Sommier.

Ce dernier estime avant tout problématique le traitement ou la diffusion de l'information par des sociétés privées qui peuvent manipuler l'information «grâce à des procédés informatiques très précis et très poussés, ça c'est une réalité et là il y a des cadres à développer».