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Didier Raoult sur le Covid-19 : «Dans les pays où on a le plus vacciné, il y a le plus de cas»

Le professeur Didier Raoult s'est étonné que les pays où l'on vaccine le plus enregistraient selon lui le plus de cas de Covid. Le Conseil scientifique note lui que faute de stopper les contaminations, la vaccination protège contre les formes graves.

Invité de Sud Radio le 11 janvier, le professeur et directeur de l'IHU Méditerranée Infection Didier Raoult a estimé que la vaccination pouvait avoir des conséquences sur la hausse de cas positifs au Covid-19.

Expliquant qu'il étudiait les données de l'université Johns-Hopkins, le professeur Raoult a confié qu'il «ne compren[ait] pas cette épidémie [et qu'il] ne compren[ait] pas ce qui se pass[ait]».

Selon lui, «l’élément déclenchant a été la présentation [...] de Jacques Fantini [professeur de biochimie et biologie moléculaire à l’université d’Aix-Marseille] sur les anticorps facilitants.» Et Didier Raoult d'ajouter qu'«il y a une zone dont personne ne veut parler, ce sont les 15 jours ou les trois semaines après l’injection vaccinale, que ce soit la première dose, la deuxième, la troisième ou même maintenant la quatrième».

Il évoque de fait «une zone grise» car «une seule solution» a été envisagée dans nos sociétés pour faire face au coronavirus : «Que le vaccin était protecteur.» «En réalité, [...] on ne déclare pas toutes les infections qui sont dans les 15 jours suivant l’injection», ajoute-t-il, assurant que «c’est là qu’il y en a le plus en réalité».

Même incidence de cas positifs chez les vaccinés et les non-vaccinés, d'après Raoult

«[A l'Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection], dans les cas qui se présentent» pour se faire tester, il assure qu'«il y a la même incidence [cas positifs]» tant parmi les non-vaccinés que parmi les vaccinés.

«Les gens qui sont vaccinés sont aussi symptomatiques que les non-vaccinés, ils ont les mêmes charges virales», appuie-t-il, ajoutant : «Mais ce qui est très intéressant, c’est qu'il y a entre 25 et 30% [parmi] les vaccinés, qui ont eu une injection depuis moins de trois semaines». Et note Didier Raoult, «10% des cas que nous diagnostiquons actuellement sont des gens qui viennent d’avoir une injection».

Se référant aux statistiques de l'université Johns-Hopkins, le professeur Raoult commente que «dans tous les pays survaccinés, c'est les pays qui ont eu le plus de vaccins qui ont le plus de cas actuellement». «En France, 25% des cas de Covid sont survenus depuis moins d'un mois, [période où] on a fait 15 millions d'injections vaccinales».

Selon l'infectiologue, il faut donc se pencher sur «cette question des anticorps facilitants [car] on sait désormais que la vaccination ne contrôle pas l’épidémie». «Comment se fait-il que dans les pays où on a le plus vacciné, il y a le plus de cas ?», questionne-t-il par voie de conséquence.

Peu de protection contre l'infection, mais efficaces contre les formes graves, selon le Conseil scientifique

De son côté, le gouvernement vient d'adopter le controversé projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal, qui est désormais à l'étude au Sénat. Le délai de rappel entre deux doses de vaccin contre le Covid-19 a par ailleurs été réduit à trois mois dès le 28 décembre. Les autorités scientifiques françaises étudient en outre l'hypothèse d'insérer une 4e dose dans le schéma vaccinal contre le Covid. Le ministre de la Santé a indiqué que le gouvernement suivrait les recommandations du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale et de la Haute autorité de santé sur le sujet.

Interrogé sur France Inter le 17 novembre, Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique — un organisme indépendant chargé d'éclairer le gouvernement dans la lutte contre le Covid — avait pour sa part réfuté tout «échec» de la vaccination. Il avait ainsi rappelé que son principal bénéfice était la protection «très forte contre la survenue de formes sévères et de formes graves». Ce professeur de médecine avait néanmoins souligné que les vaccins protégeaient «assez peu ou mal contre l'infection et la transmission» du virus, ajoutant : «Je sais que c'est difficile à comprendre pour le public, c'est difficile à comprendre pour les médecins parce que d'habitude un vaccin protège contre l'infection.»

Entendu au Sénat quelques semaines plus tard, Jean-François Delfraissy avait estimé qu'une quatrième dose de vaccin serait peut-être nécessaire à l'avenir en raison de la «perte d'efficacité dans le temps» des vaccins actuels. «On a besoin de nouveaux vaccins, de deuxième et troisième génération», avait ajouté le président du Conseil scientifique.