Jean-Michel Blanquer a été la cible d'un tir nourri de critiques après avoir présenté le 2 janvier, le nouveau protocole sanitaire applicable en milieu scolaire à partir du 3 janvier. Comme le rapporte BFMTV, la présentation des nouvelles règles a eu lieu vers 16h le 2 janvier, à la veille de la rentrée scolaire, dans un entretien donné au Parisien.
Près de deux heures après sa parution, Jean-Michel Blanquer a publié un tweet pour dévoiler le protocole, renvoyant vers le site du ministère. Mais cette annonce tardive a suscité des remous, tant du côté des enseignants que de l'opposition.
La secrétaire générale du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES-FSU), a ainsi pointé dès le 2 janvier de «graves manquements» dans la gestion de crise, et notamment les «informations données à la dernière minute», rapporte BFMTV. Le collectif des Stylos rouges, qui regroupe des enseignants mobilisés pour l'amélioration de leurs conditions de travail, a choisi l'ironie : «Si on fait nuit blanche, ça nous laisse une quinzaine d'heures pour tout préparer. Merci pour votre mansuétude et votre bienveillance.»
Les différentes forces d'opposition ont également vertement critiqué le timing de cette annonce. A gauche, la candidate socialiste Anne Hidalgo a dénoncé sur Twitter «une méthode d’un autre temps», tandis que le Parti communiste a publié un communiqué dénonçant une «provocation» et estimé que la publication du protocole par voie de presse «en dit long sur la considération du ministre pour les professeurs».
Le porte-parole du candidat écologiste, Yannick Jadot, a joint sa voix au concert de critiques, déplorant dans un communiqué «l'improvisation du ministre Blanquer».
On a préparé cette rentrée scolaire dans le flou le plus total
Même tonalité du côté de Les Républicains (LR) : Eric Ciotti a estimé le 3 janvier sur BFMTV qu'«on a préparé cette rentrée dans le flou le plus total». Il dit voir dans la méthode de Jean-Michel Blanquer «une forme de mépris pour les enseignants, pour les parents». De son côté, la candidate de LR, Valérie Pécresse, a elle affirmé sur RTL qu'un décalage de la rentrée scolaire aurait été préférable pour «amortir le choc épidémique de Noël et du Nouvel An» et pour «organiser une rentrée [...] plus sereine».
Une autre flèche est venue de la majorité présidentielle elle-même, puisque le vice-président de l'Assemblée nationale Hugues Renson a exprimé sur Twitter ses «pensées» pour les enseignants à la veille de la rentrée, et estimé que «pour être bien appliquées, les mesures de lutte contre le virus supposent anticipation et concertation».
Malgré ces nombreuses critiques, Jean-Michel Blanquer a assumé le 3 janvier sur LCI d'avoir maintenu la rentrée et fait valoir qu'il assurait «un équilibre entre l'école ouverte et des mesures sanitaires rigoureuses», afin d'éviter la fermeture des établissements.
Sur la méthode et le caractère tardif de la présentation du protocole, il a affirmé que le ministère avait dû «attendre jusqu'à vendredi [31 décembre] l'avis du Conseil scientifique et de la Haute Autorité de Santé publique», et que la préparation du document avait nécessité un important travail technique. Ce qui a permis, selon lui d'«être au plus près de la réalité».
Une rentrée sous tension
Le mois de janvier risque d'être difficile au sein de l'Education nationale, plusieurs syndicats jugeant les mesures sanitaires insuffisantes. Le Snes-FSU, principal syndicat d'enseignants du secondaire, a ainsi déposé un préavis de grève pour la semaine du 3 au 7 janvier 2022, qui sera renouvelé tout au long du mois.
De son côté, SUD-Education a incriminé dans un communiqué du 2 janvier une «stratégie de fuite en avant [qui] ressemble fortement à une recherche de l’immunité collective au variant Omicron par [...] la levée des mesures qui étaient à même de freiner la circulation de celui-ci, au détriment de la santé de la population». Le syndicat a déposé un préavis de grève pour l’ensemble du mois de janvier.