France

Obligation vaccinale pour les soignants : manifestation en Guadeloupe, un leader syndical interpellé

Une nouvelle manifestation contre le passe sanitaire et l'obligation vaccinale pour certaines professions a eu lieu à Pointe-à-Pitre. Lors de tensions avec les forces de l'ordre, le porte-parole du LKP Elie Domota a été interpellé.

Le 30 décembre s'est tenue à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, une nouvelle manifestation contre le passe sanitaire et l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers, à l'initiative de plusieurs organisations syndicales. Des heurts ont éclaté entre les manifestants et les forces de l'ordre, et le leader syndicaliste a interpellé par les forces de l'ordre avant d'être remis en liberté quelques heures plus tard.

Comme l'indique la 1ère, 300 à 400 personnes s'étaient réunies dans les rues de la préfecture guadeloupéenne, en réponse à l'appel du collectif des organisations de lutte, qui est en grève générale depuis le 15 novembre. 

Alors qu'ils se trouvaient non loin d'une zone économique, les manifestants se sont retrouvés face aux forces de l'ordre et ont tenté de continuer à avancer, en soulevant des barrières placées sur la route. Les gendarmes ont alors fait usage de grenades lacrymogènes. 

Quelques heures de garde-à-vue et une convocation devant le tribunal correctionnel en avril pour Elie Domota

Elie Domota a été arrêté, en début d'après-midi (heure locale) sur le rond-point de Petit-Pérou, aux Abymes. Selon une source proche des autorités citées par la 1ère, le leader syndicaliste aurait été interpellé pour jet de pierre contre les forces de l'ordre. 

L'homme qui est le porte-parole du LKP – le Liyannaj Kont Pwofitasyon, «Collectif contre l'exploitation outrancière» en français – aurait été emmené sans opposer de résistance.

Sur des images diffusées par la chaîne locale Canal 10, on peut voir Elie Domota au sol, les gendarmes le menottant dans le dos. «Les manifestants sont venus au contact et ont forcé le barrage. Par la suite il y a eu de nombreux jets de projectiles donc il a été nécessaire de répliquer avec du gaz lacrymogène, afin de protéger les effectifs», explique l'un d'eux.

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) a rapidement réagi dans un communiqué, considérant que l'arrestation d'Elie Domota était «une provocation», et évoquant une agression de la part des gendarmes. «Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène tiré en plein visage, alors qu'il était dans une manifestation pacifique, sur la voie publique», poursuit le communiqué, qui estime qu'il «s'agit là d'une atteinte grave à une liberté fondamentale qu'est le droit de faire grève».

«La répression et l'arrestation d'Elie Domota en Guadeloupe, signal d'une politique constante de provocation et d'abus de pouvoir. La macronie joue le chaos», a déclaré sur Twitter le leader de la France insoumise et candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon. D'autres membres du parti tels que les députés François Rufin ou Eric Coquerel se sont également exprimé sur cette interpellation. 

Porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste et lui aussi candidat à la prochaine élection présidentielle, Philippe Poutou s'est exprimé en ces termes : «Jusqu’aux tous derniers jours de l’année, Macron-Darmanin and co. auront agressé et réprimé la contestation sociale et politique sous ses formes diverses». Dénonçant une attitude «colonialiste», Philippe Poutou a enfin appelé à libérer Elie Domota. 

Elie Domota a été remis en liberté après avoir été placé en garde à vue, selon Patrick Desjardins, procureur de la République de Pointe-à-Pitre. «La garde à vue de M. Elie Domota a été levée. L’intéressé est convoqué devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre le 7 avril 2022 des chefs de violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT et refus de se soumettre aux prélèvements obligatoires», a annoncé le parquet dans un tweet.

Jean-Luc Mélenchon, s'est alors fendu d'un nouveau tweet pour se réjouir de cette libération. «Elie Domota est libéré ! La Guadeloupe sait se faire respecter ! Bonne fête Elie», s'est-il enthousiasmé.

Un pass vaccinal bientôt reporté en Outre-mer ? 

Cette interpellation est intervenue alors que la tension reste vive dans ce département français d'outre-mer, secoué par une crise sociale depuis début novembre, avec en tout premier lieu l'obligation vaccinale.

Juste avant Noël, des manifestants anti-pass sanitaire avaient occupé le Conseil régional de Guadeloupe. Au lendemain de cette action, le gouvernement français a exclu toute négociation qui viserait à «abroger une loi de la République», en l'occurrence celle obligeant les personnels de santé et pompiers à être vaccinés pour travailler.

Le 29 décembre, le ministre de la Santé Olivier Véran s'est toutefois montré favorable à un amendement déposé par la députée Justine Bénin – et adopté en commission à l'Assemblée nationale – demandant le report de la date d'entrée en vigueur du futur pass vaccinal dans les territoires ultramarins. «On ne veut pas ré-enflammer un conflit social [dans les Antilles]», a justifié le ministre.

La Guadeloupe – où la résistance à la vaccination est forte – est confrontée à un regain de l'épidémie. Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a été quasiment multiplié par trois en une semaine et continue de progresser de manière «préoccupante», selon l'ARS et la préfecture le 29 décembre.