France

A Ivry, une œuvre en hommage aux victimes du 17 octobre 1961 dégradée (IMAGES)

L'inscription «Jeté dans la Seine le 17/10/1961» a été effacée au burin et le portrait, peint au pochoir sur un mur de garage d'Ivry-sur-Seine en octobre, a été aspergé de taches rouges couleur sang. Un pénis a également été gravé sur l'œuvre.

Une œuvre de street art du Français C215, en hommage aux victimes algériennes décédées le 17 octobre 1961, a été dégradée à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) de «manière manifestement raciste», a fait savoir l'artiste le 25 décembre.

A l'occasion des 60 ans de la répression de manifestants algériens sous l'autorité du préfet de police de Paris de l'époque Maurice Papon, C215, de son vrai nom Christian Guémy, avait peint au pochoir sur un mur de garage d'Ivry un portrait d'une des victimes de cette répression, Ahmad Khalfi, avec l'inscription «Jeté dans la Seine le 17/10/1961».

«C'est très violent pour tous les Maghrébins», réagit le créateur de l'œuvre dégradée

Comme le montre une photo publiée le 25 décembre par l'artiste sur les réseaux sociaux, cette inscription a été effacée au burin et le portrait a été aspergé de taches rouges couleur sang. Un pénis a également été gravé sur l'œuvre. «C'est très violent pour tous les Maghrébins et les gens qui peuvent s'identifier vraiment à lui [Ahmad Khlafi]. Ce n'est pas un personnage politique, c'est juste une victime d'un massacre qui a été commis dans des circonstances de racisme ordinaire. Et là, on perpétue tout ça», a regretté C215.

Une offense jetée au visage non seulement de la victime mais également des gens du présent

Pour la première fois, la présidence française a reconnu cette année que «plusieurs dizaines» de manifestants algériens «furent tués, leurs corps jetés dans la Seine» le 17 octobre 1961. Le bilan officiel ne dénombrait jusqu'à présent que trois victimes. 

«Nous condamnons la dégradation dont a été l'objet C215, dont le travail est connu et reconnu en région parisienne et par les Ivryens», a réagi la mairie d'Ivry.

«C'est très triste. C'est une offense jetée au visage non seulement de la victime mais également des gens du présent», a poursuivi C215. «Je m'en suis aperçu aujourd'hui mais ne sais pas quand ça a été fait. C'est dans une petite rue, il n'y a pas beaucoup de passage», a-t-il expliqué. «J'ai essayé de rendre son portrait le plus vivant et le plus humain possible. Il est peint à hauteur d'homme, dans un quartier où il y a beaucoup de diversité en plus», a-t-il ajouté. «A une époque où on parle de diversifier la représentation mémorielle dans l'espace public, on n'est pas sorti de l'auberge...», a-t-il déploré.  

En novembre, un autre portrait au pochoir de C215, celui du policier Ahmed Merabet, froidement assassiné par l'un des frères Kouachi en janvier 2015, a été dégradé à Paris. Le préfet de police a porté plainte, l'insulte raciste «bicot» ayant été retrouvée sur ce portrait.