France

Covid-19 : Amélie de Montchalin débarquée d'un vol, en l'absence d'un test PCR négatif

Selon un ancien pilote de ligne, Amélie de Montchalin a été débarquée d'un avion faute d'avoir pu montrer un test PCR négatif. Vaccinée, la ministre a confirmé cette information, confiant pourtant avoir respecté «scrupuleusement» ce qu’on lui disait.

Le 23 décembre, un ancien pilote de ligne Jacques Clostermann a évoqué le fait sur Twitter que la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, soit «débarquée» par le commandant de bord au départ d'un vol vers Genève, le 22 décembre, «car [elle était] dans l’impossibilité de fournir la preuve d’une vaccination».

Jacques Clostermann a ensuite expliqué que «quatre passagers n’ayant pu fournir de test PCR ont été refusés à l’embarquement alors que la ministre était déjà à bord». «En conséquence, le commandant de bord a dit, en gros, "aucune exception, madame la ministre débarque aussi"», a-t-il ajouté.

Des informations relayées massivement par des internautes et par plusieurs politiques, dont Gilbert Collard du Rassemblement national.

Des articles ont essayé de chercher à connaître la vérité. Checknews, la rubrique de vérification des informations de Libération a d'abord essayé de savoir si Amélie de Montchalin était vaccinée ou non. Les journalistes ont alors contacté le cabinet de la ministre qui a dénoncé une «histoire complètement fausse» qui serait alimentée par «une sphère d’extrême droite bien connue», affirmant que «ministre [était] bien évidemment vaccinée». Checknews et le cabinet laissant semble-t-il sous-entendre que Jacques Clostermann remettait aussi en cause la vaccination de la ministre.

Le cabinet résume ensuite les faits qui se seraient produits : «Amélie de Montchalin se rendait en Haute-Savoie pour passer les fêtes en famille. Comme beaucoup de gens, elle a choisi d’y aller en utilisant l’aéroport le plus proche, à savoir celui de Genève. Il se trouve que les conditions pour voyager peuvent changer assez rapidement en fonction des pays ou des compagnies. On a donc demandé à l’ambassade si elle avait besoin de faire un test ou si le pass sanitaire suffisait, puisqu’elle ne faisait que passer par Genève, comme beaucoup de frontaliers.» Checknews a pu consulter des échanges entre l'ambassade et le cabinet, la première indiquant apparemment au second que «cette situation de (quasi) transit par l’aéroport ne nécessitait pas de test en plus d’un schéma complet de vaccination».

«De bonne foi, la ministre n’avait donc pas fait de test», conclut le cabinet qui ajoute : «Mais arrivée à la porte d’embarquement à l’aéroport [de Roissy], on lui a signifié qu’il fallait en fait un test antigénique. Elle est donc allée en faire un à l’aéroport, et a pris le vol suivant, environ une heure plus tard, en prenant un nouveau billet.» Et Amélie de Montchalin, selon le cabinet, ne serait «jamais montée dans le premier avion, et n’a[urait] donc évidemment pas été débarquée».

Amélie de Montchalin : «J’ai suivi les instructions»

Sauf que Jacques Clostermann qui se défend d'appartenir à l'extrême droite – et se qualifiant de «gaulliste» – maintient sa version après avoir contacté le commandant de bord : «Je vous confirme que madame de Montchalin a bien été débarquée du vol par le commandant de bord après une trentaine de minutes passées à bord. Elle était en contradiction avec la loi du pays de destination, la Suisse, qui exige un test PCR, d’où la décision.»

Le cabinet a donné une deuxième version des faits, la faisant légèrement évoluer le 24 décembre : «Tout s’est passé entre la porte de l’embarquement et la porte de l’avion, avant que l’embarquement ne se termine.»

Néanmoins Amélie de Montchalin a ensuite répondu à Checknews... en validant en grande partie la version de Jacques Clostermann et apparaissant contredire les deux versions de son cabinet, puisque celle-ci aurait bien pénétré dans l'avion avant d'en être débarquée : «Je me suis présentée à la porte d’embarquement, où l’on m’a indiqué qu’il me fallait un test. J’ai dit que je n’en avais pas. Le chef d’escale m’a indiqué que je pouvais quand même monter. Quelques minutes plus tard, le chef de bord m’a effectivement demandé un test. Je suis donc descendue de l’avion, avant que l’embarquement ne soit terminé, pour aller faire un test. Ce qui est dingue, c’est qu’à chaque étape, j’ai respecté scrupuleusement ce qu’on me disait, et je n’ai jamais rien demandé. J’ai suivi les instructions. Et donc j’ai fait un test, comme à chaque fois.»