Lors du classique concours Miss France le soir du 11 décembre, c'est Diane Leyre, Parisienne de 24 ans et déjà Miss Ile-de-France, qui s'est imposée à l'issue d'une soirée qui a rassemblé près de 7,3 millions de téléspectateurs sur TF1, un score écrasant la concurrence, quoique moindre qu'en 2020.
Mais c'est surtout la prise de position sur l'image et le sens du concours qui retient l'attention : «Je suis féministe et Miss France, les deux ne sont pas incompatibles», a-t-elle déclaré dans un entretien donné au Parisien. Une position à rebours de celle de l'association «Osez le féminisme», qui avait dénoncé sur France Info un concours qui «véhicule une image de la femme qui est rétrograde», par la voix de sa porte-parole Ursula Le Menn. Outre l'absence de contrat de travail pour les postulantes au concours, l'association féministe pointait un «contrôle total sur leurs comportements», dont l'interdiction de faire de l'ironie en public sur des sujets politiques ou d'afficher publiquement un petit copain. Mais c'est surtout l'archaïsme d'un concours uniquement fondé sur le physique qu'Osez le féminisme souhaitait dénoncer : «Nous retrouvons l'image de la femme bonne à marier, de la jeune vierge bien sous tous rapports, qui ne prend pas trop de place, qui ne parle pas trop fort, qui ne pose pas trop de problème», le collectif se demandant «si cette émission a encore un sens, en 2021, après MeToo ?».
Une position partagée par la journaliste Dorothée Werner : citée par Elle, celle-ci estimait que «ce concours, c'est comme la foire aux bestiaux», un concours qui perpétue «une image dégradante des femmes, non seulement à l'attention des petites filles et ados spectatrices, mais aussi à l'attention des petits garçons et ados garçons».
La nouvelle «reine», Diane Leyre, a développé sa conception du féminisme : «Pour moi, la définition du féminisme, c’est une femme qui prend le pouvoir de sa vie, vit selon ses règles et décide de faire ce qu’elle a envie de faire.» En expliquant qu'elle avait enfin accompli son rêve, qui avait toujours été «de faire Miss France, de monter sur scène, de prendre le micro et de défiler en maillot de bain aux côtés de 28 autres candidates», qui ont «toutes assumé».
Une position qui rejoint en partie celle Clarence Edgard-Rosa, également citée par Elle, à propos des candidates au concours de Miss France. Auteure d’un dictionnaire des mots du féminisme, celle-ci avance que «pour elles, cette mascarade à base de fard à paupière violet est un moyen d’atteindre leurs objectifs, souvent loin d’être futiles». Et pose la question de savoir si «se frayer un chemin dans les dédales d’une société sexiste en utilisant ses rouages à son avantage… N’est-ce pas une stratégie d’affirmation aussi louable qu’une autre ?». Selon elle, «ce qui n’est pas féministe, c’est de tomber dans l’auto-dénigrement face à leurs jambes de quatre mètres de long, et de chercher à se rassurer en moquant leur aliénation, forcément plus évidente que la nôtre…».
Miss France, élément de l'identité française ?
Du côté politique, la candidate des Républicains, Valérie Pécresse, qui est la première femme à représenter son parti lors d'une élection présidentielle, a déclaré, lors d'une interview sur France 3 le 12 décembre, qu'«être Français c'est avoir un sapin de Noël, c'est manger du foie gras, c'est élire Miss France et c'est le Tour de France, parce que c'est cela la France». Une analyse que ne partage pas son ancienne adversaire aux élections régionales, Clémentine Autain (LFI), selon qui «La France, c'est Liberté, Egalité, Fraternité et pas sapin de Noël, foie gras et Miss France».
La candidate des Républicains s'était vu décerner une appréciation mitigée par l'association Osez le féminisme, qui saluait des éléments positifs dans son bilan de présidente de région pour lutter contre le sexisme, tout en regrettant qu'elle ne les ait pas suffisamment mis en avant au cours de la primaire de la droite.
Du côté du gouvernement, la ministre chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, a indiqué sur Europe 1 qu'elle souhaitait faire évoluer les règles du concours en en discutant avec les organisateurs, notamment pour revoir celle empêchant les femmes mariées de concourir. «La beauté, ce n'est pas que la plastique», a-t-elle alors estimé.
«J'ai simplement pensé que les règles de Miss France aujourd'hui, étaient dépassées, qu'elles n'étaient plus adaptées à cette société moderne», a indiqué la ministre, qui a évoqué la possibilité d'une participation des personnes transgenres à l'élection. Une idée qui n’a pas été du goût de Geneviève de Fontenay, ancienne présidente du Comité, qui s'est dite «choquée» dans un communiqué.