France

Les indépendantistes calédoniens ne reconnaissent pas le résultat du référendum

Les forces indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ont déclaré ne pas reconnaître la légitimité et la validité du scrutin, qu'elles avaient appelé à boycotter. Elles annoncent que la voie du dialogue est «rompue» avec le gouvernement français.

Une condamnation sans appel : dans un communiqué publié le 13 décembre, plusieurs forces et courants indépendantistes de Nouvelle-Calédonie, regroupées dans le «comité stratégique indépendantiste de non-participation» (CSI-NP), ont indiqué qu'il ne reconnaissaient pas «la légitimité et la validité de ce scrutin qui leur a été confisqué». Alors qu'ils demandaient le report du référendum en septembre 2022, les indépendantistes ont reçu une fin de non-recevoir de la part du gouvernement, et la participation a considérablement chuté, sous l'effet de leur appel au boycott, dont ils soulignent l'efficacité : la participation s'est ainsi effondrée, de 85,6% en 2020 à 43,9 % en 2021.  

Ils ajoutent que «ce référendum n’est pas conforme à l’esprit et à la lettre de l'accord de Nouméa», et non «conforme également aux résolutions de l’ONU qui a inscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser». 

«Nous attendons le renouvellement du gouvernement français»

«La voie du dialogue a [...] été rompue par l’entêtement d’un gouvernement français incapable de concilier ses intérêts géostratégiques dans le Pacifique et son obligation à décoloniser notre pays», avancent les indépendantistes, qui confirment qu'ils ne rencontreront à aucun moment le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé en Nouvelle-Calédonie depuis le 10 décembre. «Les chiffres des résultats parlent d'eux-mêmes : nul n'a besoin de les commenter avec le ministre, qui [...] a désavoué nos pratiques culturelles et n'a jamais entendu notre argumentaire», cingle le CSI-NP. La présence de ce dernier en temps de campagne présidentielle est même qualifiée de «combine», les indépendantistes indiquant qu'ils attendront «le renouvellement du gouvernement français pour engager de véritables discussions sur l'accession du pays à sa pleine souveraineté».

Le collectif n'épargne pas non plus le chef de l'Etat, dont le discours se félicitant de la victoire du «non» à l'indépendance «ne fait pas honneur à la France», avant de conclure que «chacun doit en tirer les conséquences». Dans l'immédiat, le calendrier défini par Sébastien Lecornu est remis en cause, puisque le CSI-NP annonce qu'il «n’y est plus engagé». En juin 2021 à Paris, il avait été convenu qu'après le 12 décembre s'ouvrirait «une période de stabilité et de convergence», pour préparer un «référendum de projet» d'ici juin 2023, pour définir un nouveau statut pour la Nouvelle-Calédonie au sein de la France.

Outre le non-reconnaissance du résultat du scrutin, les indépendantistes avaient aussi fait part de leur intention de le contester devant les instances internationales. Dans un entretien sur France Inter le 13 décembre, Sébastien Lecornu a quant à lui affirmé que la valeur juridique de ce troisième référendum d'autodétermination «est pleine et entière». «Peu importe le taux de participation : en droit, c'est un scrutin qui produit ses effets comme les deux premiers avaient produit le "non" par deux fois», a-t-il commenté, reconnaissant cependant que «politiquement, ça veut dire quelque chose».