Le 9 décembre, la Haute autorité de santé (HAS) a refusé l'autorisation d’accès précoce en France au Molnupiravir, un traitement antiviral contre le Covid-19 du laboratoire pharmaceutique américain Merck commercialisé sous le nom Lagevrio.
La HAS justifie sa décision en ces termes : «L’accès à Lagevrio en ville risque d’induire une perte de chance pour les patients, par rapport à l’accès à un traitement plus efficace» (en l'occurrence le Ronapreve). La haute autorité cite également l'avis de la commission de la transparence, qui rappelle que «la quantité d’effet du Molnupiravir en termes de réduction du risque de progression vers la forme grave de la Covid-19 [...] est d’environ 30% dans l’étude MOVe-OUT, inférieure à celle décrite avec les anticorps monoclonaux», et relève une «absence de démonstration de l’impact de Lagevrio sur la négativation attendue de la charge virale».
La HAS conclut en indiquant que «le Collège souhaite que des essais cliniques sur ce traitement en association puissent être prochainement mis en place».
Un enthousiasme précoce du ministre de la Santé
Le ministère de la Santé a indiqué dans un communiqué diffusé le 10 décembre «prendre acte» de cette décision de la HAS. «Les échanges avec l’agence européenne du médicament (EMA) continuent et une décision européenne concernant la demande d’autorisation de mise sur le marché est attendue début d’année 2022», tempère toutefois le ministère, qui indique que «la nature du contrat prévoit un déclenchement des commandes uniquement en cas d’autorisation précoce de déploiement». Le gouvernement français avait en effet commandé 50 000 doses de Molnupiravir, comme le rappelle Le Parisien.
Le 25 novembre dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran avait affiché son enthousiasme concernant la livraison prochaine du Molnupiravir en France. «En cette fin d'année, la donne va changer», avait-il assuré, en ajoutant que «la recherche a réalisé des progrès considérables et la France est à la pointe pour être l'un des premiers pays au monde à en faire bénéficier les malades».
Olivier Véran s'était avancé en précisant que le traitement serait disponible dès le début du mois de décembre, «prescrit par les médecins généralistes» et «disponible dans les pharmacies d'officine en ville». Un délai qui semble désormais impossible à tenir.