Le premier meeting d'Eric Zemmour, candidat à la présidentielle, tenu le 5 décembre à Villepinte, continue d'alimenter l'actualité. Et pour cause, celui-ci a été marqué par plusieurs incidents : militants de SOS Racisme contusionnés, candidat blessé au poignet lors d'une empoignade, journalistes de Quotidien brocardés...
Alors qu'une enquête sur les violences commises durant l'évènement a été ouverte par le parquet de Bobigny le 6 décembre, des personnalités venant de tous horizons politiques ont fait part de leur interprétation des faits. Si certains, plutôt à droite ont fustigé une «provocation» venue des anti-Zemmour, d'autres, plutôt à gauche et dans la majorité, ont mis en cause la responsabilité de l'ancien journaliste.
La droite dénonce une «provocation»
Valérie Pécresse, candidate Les Républicaines (LR) à la présidentielle, Eric Ciotti et Gérard Larcher, mais aussi Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement National (RN) ont vivement dénoncé la «provocation» des militants de SOS Racisme présents au meeting d’Eric Zemmour.
«Il faut garder son sang-froid. Il faut à la fois une liberté d'expression ; moi je suis pour la liberté d'expression de tous ceux qui ne pensent pas comme moi […] Les provocations dans les meetings, ça existe, c'est jamais agréable, j'en ai eu comme tout le monde», a avancé Valérie Pécresse sur France Inter le 6 décembre, en appelant à «savoir les vivre avec sang-froid».
«Il faut surtout bannir la violence des meetings le plus possible dans les deux cas, parce que vous savez que l'extrême gauche peut parfois être ultra-violente dans un meeting», a-t-elle poursuivi.
Eric Ciotti, malheureux finaliste du congrès LR et député des Alpes-Maritimes, a quant à lui estimé sur France Bleu Azur le même jour que la présence des militants de SOS Racisme, relevait «de la provocation». A sons sens, leur venue conduisait «forcément [à] chercher l’affrontement».
Il a également déploré qu'«Eric Zemmour ait été agressé, attaqué».
Aux yeux du président du Sénat, Gérard Larcher, «toutes les violences sont inadmissibles, et le droit à manifester est essentiel. Mais en même temps, la provocation dans une réunion peut inciter à cela». Et de conclure : «Donc je crois qu'il faut que chacun retrouve les voies de l’apaisement.»
Du côté du RN, Sébastien Chenu a condamné sur France 2, le 6 décembre, «toutes les formes de violences». «D'un autre côté, imaginez Génération identitaire allant dans un meeting de Jean-Luc Mélenchon. Sincèrement, il y a un côté provocation inutile destinée, probablement, à perturber», a-t-il ajouté, jugeant qu'aller «dans les meetings de ses adversaires pour semer la pagaille [n’était] pas responsable».
Il a aussi estimé qu'Eric Zemmour devait «pouvoir s'exprimer librement, car il représente quelque chose dans le pays», tout en réitérant son appel à ce qu'il rallie la candidature de Marine Le Pen.
La responsabilité directe d’Eric Zemmour fustigée par la gauche et par la majorité
A gauche, en revanche, la responsabilité directe d’Eric Zemmour a été pointée du doigt. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a ainsi tweeté le 5 décembre : «Zemmour a donné une légitimité à cette violence qui ne se contient plus.» «Frapper des militants pacifistes qui portent un message de refus du racisme et qui se font casser la gueule pour cette seule raison, quelqu’un a encore un doute sur la motivation des militants de Villepinte ?», a-t-il ajouté.
Anne Hidalgo a elle aussi réagi sur Twitter le même jour en affirmant que «la France, ce n’est pas le racisme». «Militants pacifistes roués de coups, insultes envers les médias : je condamne avec la plus grande fermeté ces violences insupportables qui n’ont pas leur place dans notre République. Total soutien aux journalistes et aux militants agressés», a-t-elle poursuivi.
«Journalistes hués, militants antiracistes agressés, voilà à quoi ressemblerait la France si Zemmour le haineux la dirigeait», a fustigé le candidat du PCF Fabien Roussel, également le 5 décembre, sur le même réseau social, avant d’exprimer sa «solidarité avec tous ceux qui ont eu à subir ce déchaînement de violence».
«L'agression violente contre ces militants antiracistes est choquante et scandaleuse... Ainsi, quand vous dites "Non au racisme" les zemmouriens vous frappent. Très révélateur !», s'est indigné Alexis Corbière, toujours le 5 décembre sur Twitter, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon.
«La violence n'a pas sa place dans notre démocratie. Soutien aux militant·es de SOS Racisme», a réagi le même soir le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot.
Enfin, Hugues Renson, vice-président (LREM) de l'Assemblée nationale, a également adopté ce point de vue. «Il prétend rétablir l’ordre, il sème le chaos. Des gens se battent. Des journalistes sont menacés. Des insultes sont proférées. Il disloque l’unité nationale. Il aimerait représenter la France : il la menace», a-t-il fait valoir, sur Twitter, le 5 décembre.