Le 26 novembre, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a indiqué que «certains élus» avaient «posé la question en creux de l'autonomie» et que Paris était «prêt à parler» de l'autonomie de l'île, actuellement touchée par une violente crise. «Le gouvernement est prêt à en parler, il n’y a pas de mauvais débats du moment que ces débats servent à résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens», a affirmé le ministre. Des propos qui ont suscité de vives réactions de la part de responsables politiques de droite, mais aussi de gauche.
Les LR unanimes contre l'autonomie et pour «l'unité de la nation»
Tous trois candidats à l'investiture des Républicains (LR), Xavier Bertrand, Michel Barnier et Eric Ciotti ont réagi sur Twitter aux propos de Sébastien Lecornu.
«La réponse gouvernementale à la crise aux Antilles, c’est l’autonomie ! Les Guadeloupéens et les Martiniquais ne veulent pas moins d’État, au contraire : ils entendent que l’État se tienne à leurs côtés et assume ses responsabilités», a affirmé le président de la région Hauts-de-France.
Une déclaration à laquelle le ministre des Outre-mer a répondu en deux temps : d'abord en évoquant «les mensonges et approximations de Xavier Bertrand», puis en évoquant son «mépris» et sa «méconnaissance de ce qui est fait déjà dans les collectivités du Pacifique». «Décentralisateur pour l’Hexagone, mais centralisateur en Outre-mer !», s'est exclamé non sans ironie le président du conseil départemental de l'Eure.
Michel Barnier a quant à lui considéré que «l’unité de la nation» était en jeu, avant de s'exprimer en ces termes : «Ce que l’on attend du gouvernement aux Antilles, c’est de l’autorité, du dialogue et un soutien sanitaire et économique. Ni panique, ni improvisation. Il n’est pas permis de semer le doute sur notre attachement à la France d’Outre-mer».
Son concurrent, le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, a dressé un parallèle avec Notre-Dame-des-Landes, en jugeant que «le macronisme cède encore face à la rue et aux émeutiers aux Antilles». «Avec Macron, la République cède et recule face à la violence», a-t-il condamné.
Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau – qui n'est pas candidat au congrès du parti – a critiqué les «propos inadmissibles d’un gouvernement totalement dépassé». «Le risque est d’enclencher la surenchère d’une petite minorité qui hait la France», s'est-il inquiété, avant d'affirmer qu'on ne doit pas marchander «l’unité de la communauté nationale pour composer avec des extrémistes».
La députée au Parlement européen Nadine Morano a considéré qu'elle assistait à «l’effondrement de l’autorité de l’État en direct»… Le président de la République [...] va-t-il mettre un genou à terre face aux tirs à balles réelles ?», s'est-elle interrogée, avant d'estimer dans un autre tweet que «le gouvernement en panique» et que «le président Emmanuel Macron est aux abonnés absents». «Son désintérêt pour nos territoires ultramarins qui sont la force de la France dans le monde est une attitude scandaleuse !», a également lancé l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy.
«Ils auront brisé l’unité nationale jusqu’au-delà des mers !», s'est exclamé Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône et vice-président national des Républicains. «Prêts à lâcher la Calédonie, voici désormais les macroniens, qui ont incendié la Guadeloupe par leur politique sanitaire, mettant de l’huile sur le feu en donnant des gages aux indépendantistes !», a-t-il déclaré sans ambages.
Le RN, les Patriotes et LFI tancent Emmanuel Macron de concert
Candidate du Rassemblement national à la prochaine élection présidentielle, Marine Le Pen a elle aussi donné son avis sur la situation : «Pour essayer d’acheter les indépendantistes radicaux, le gouvernement se dit prêt à lâcher la Guadeloupe. Ce n’est pas ce que les Guadeloupéens attendent ! Ils attendent de l’État d’être protégés et respectés et qu’on leur offre des perspectives d’avenir.»
Lui aussi candidat déclaré à la magistrature suprême, Florian Philippot a estimé que les Guadeloupéens ne voulaient pas l'autonomie mais «la fin de la folie covidiste». «Respect, dignité, liberté ! Ils aiment la France et détestent logiquement la Macronie !», a analysé l'ancien député européen.
«Stupéfiante réponse de Macron : "Je vous ai compris : vous voulez moins d’égalité ? Parlons autonomie et débrouillez-vous entre vous"», s'est étonné Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise dont il sera le représentant lors de l'élection présidentielle du printemps prochain. Il a ensuite proposé de «parler statut le moment venu», en mettant en avant l'«urgence sociale et sanitaire».