France

Guadeloupe: la réponse de l'exécutif critiquée par les oppositions de droite comme de gauche

La réponse aux heurts en Guadeloupe du gouvernement, qui a envoyé le Raid et le GIGN et instauré un couvre-feu pour faire respecter les restrictions sanitaires, suscite de vives critiques de la part de ses opposants politiques.

Alors que la Guadeloupe est frappée par une grève générale et de nombreuses manifestations contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale depuis le 15 novembre, marquées par des heurts avec les forces de l’ordre, le gouvernement a récemment envoyé une cinquantaine d’agents du GIGN et du Raid sur place, et instauré un couvre-feu. Une réponse à la crise qui n'a pas manqué de faire vivement réagir la classe politique.

Ainsi aux yeux de Marine Le Pen, le gouvernement a toujours la même méthode «délétère qui consiste à laisser pourrir une situation». La députée prend pour exemple  la crise des Gilets jaunes, dans laquelle le gouvernement a attendu que la violence générée «discrédite les revendications du mouvement social». La candidate du Rassemblement National à l’élection présidentielle a par ailleurs épinglé le désengagement de l’Etat dans l’île qui frappe aussi bien la santé que les infrastructures. Elle souligne que la réponse ne saurait être uniquement policière.

Le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a de son côté estimé que le couvre-feu décrété en Guadeloupe sortait «de tout cadre légal», s’interrogeant sur le fondement juridique sur lequel s’est appuyé le préfet. «Je serais curieux de connaître la décision du tribunal administratif de Guadeloupe s’il était saisi par un référé», s’est-il demandé.

Arnaud Montebourg a pour sa part réagi aussitôt achevée l’allocution du Premier ministre. S’il a estimé qu’il fallait trouver les moyens de l’Etat pour rétablir le calme, il a également dénoncé le mépris à l’égard des élus locaux en Guadeloupe, évoquant des «territoires abandonnés» qui nécessitent des investissements pour répondre aux enjeux sociaux des Outre-mers.

Ségolène Royale, ancienne candidate à l'élection présidentielle, s'est montrée plus ferme en appelant à «suspendre le pass sanitaire pour ramener le calme en Guadeloupe. Imposé brutalement il a déclenché la révolte à cause des graves problèmes sanitaires non réglés par l’Etat».

Une position tranchée qui est partagée par Florian Philippot, président des Patriotes : «en Guadeloupe et partout il faut TOUT retirer», a-t-il tweeté tout en dénonçant une «hystérie vaccinale».

Le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est montré plus modéré en estimant simplement que «la place du ministre des Outre-mers est d’aller sur place le plus rapidement possible parce que ça fait partie des conditions nécessaires pour renouer le dialogue et la confiance».

Même prudence de la part de Geoffroy Roux de Béziers, président du MEDEF, selon lequel «il faut adapter les obligations sanitaires à l'état d'esprit de la population locale». «Sur le plan économique, on fait déjà énormément pour les DOM-TOM» a-t-il également avancé tout en admettant qu’il ne connaissait «pas assez le territoire».

L'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), moteur de la contestation, a appelé le 20 novembre «à poursuivre la mobilisation et à renforcer les piquets de revendications populaires», tandis qu'en Martinique, le gouvernement avait reculé sur l'obligation vaccinale en prorogeant le délai au 31 décembre 2021. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, s'était agacé le 21 novembre de la situation en qualifiant les contestataires «de petite minorité», qui entraverait l'intervention de soignants ou l'ouverture de pharmacies.