Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait savoir ce 20 novembre qu'une cinquantaine d'agents du GIGN (Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale, une unité d'élite) et du Raid (unité d'élite de la police) allaient être envoyés en Guadeloupe. «Le premier message est celui de la fermeté de l'Etat», a déclaré le locataire de Beauvau, tandis que le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, annonçait qu'une réunion se tiendrait le 22 novembre au soir autour du Premier ministre Jean Castex avec les parlementaires et les présidents des assemblées de la Guadeloupe, ainsi qu'avec le ministre de la Santé Olivier Véran.
Ces annonces surviennent après que des violences ont éclaté dans l'île pendant plusieurs nuits, en marge de la mobilisation contre le pass sanitaire et l'obligation vaccinale des soignants contre le Covid-19, lancée il y a cinq jours par un collectif d'organisations syndicales. Des blocages sont également à l'œuvre.
Après une nuit du 18 au 19 novembre «particulièrement violente» selon l'AFP, les écoles étaient restées fermées dans la journée du 19 novembre et de nombreux barrages routiers avaient ralenti l’activité dans le territoire d'outre-mer. Le même jour, Gérald Darmanin a annoncé le déploiement imminent de «200 policiers et gendarmes» supplémentaires sur l'île.
De plus, le 19 novembre toujours, le préfet de Guadeloupe avait annoncé l’instauration d’un couvre-feu à compter du même jour, de 18h à 5h, «compte tenu des mouvements sociaux en cours et des actes de vandalisme». La vente d’essence en jerrican a également été interdite
Malgré ce couvre-feu, durant la nuit du vendredi 19 au samedi 20 «des pharmacies et des commerces de téléphonie ont notamment été visés», a rapporté l'AFP, tandis que le ministère de l'Intérieur a fait état de 29 interpellations. Les autorités ont également fait état d'une vingtaine de pillages ou tentatives de vol dans des commerces de Pointe-à-Pitre et du Gosier cette même nuit. A Saint-François, des gendarmes ont été menacés par des jets de projectiles enflammés qui n'ont pas fait de blessés.
Des scènes de pillage distinctes des mobilisations contre les restrictions sanitaires
Lors de sa prise de parole du 20 novembre, le ministre de l'Intérieur a lui-même tenu à faire une distinction entre certaines exactions et la mobilisation contre les restrictions anti-Covid proprement dite, évoquant «des pillages qui n'ont rien à voir avec la contestation sanitaire, si j'ose dire [...] sur l'île».
Le LKP, un collectif regroupant en son sein une cinquantaine d'organisations syndicales, associatives, culturelles ou encore politiques de l'île, avait lancé son appel à la grève générale le 15 novembre, pour contester l’obligation vaccinale et les éventuelles suspensions vis-à-vis des travailleurs de la santé dans tous les secteurs.
Entre autres, Maïté Hubert-M’Toumo, secrétaire générale de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), avait appelé au «renforcement des piquets de grève» en réaction aux «milliers de Guadeloupéens que [les hôpitaux] jettent à la rue, sans délai de contestation». L’Agence régionale de santé avait alors regretté que des «poches de résistance» recourent à des actions qu’elle juge «inacceptables».