France

Hollande sur le 13 novembre : «Nous ne savions pas où, quand, ni comment ils allaient nous frapper»

Le procès des attentats du 13 novembre a connu une nouvelle journée marquante avec le témoignage de François Hollande. L'ancien chef de l'Etat a livré sa version des faits au plus haut sommet de l'Etat.

François Hollande était attendu comme témoin lors de cette nouvelle journée du procès des attentats du 13 novembre. C'est donc un ancien président de la République, acteur privilégié de la réponse sécuritaire de l'Etat à l'attaque terroriste, qui a livré sa version des attentats ce 10 novembre devant la cour d'assises spéciale de Paris.

«Je suis présent devant la cour pour témoigner de ce que fut mon rôle en tant que chef de l’Etat lors de cette nuit funeste du 13 novembre 2015, et témoigner de ce que furent mes décisions dans les mois qui ont précédé et les mois qui ont suivi», a déclaré François Hollande à la barre en introduction, avant d'assurer qu'il entendait «justifier l'action de la France» contre Daesh, comme a pu le constater Antoine Boitel, le journaliste de RT France présent au procès. 

Hélas, nous n'avions pas l'information qui aurait été décisive pour empêcher les attentats

L'ancien chef de l'Etat, appelé à témoigner par l'association Life for Paris, a assuré «[mesurer] la souffrance des victimes» et comprendre «leur demande de vérité». «Hélas, nous n'avions pas l'information qui aurait été décisive pour empêcher les attentats», a-t-il assuré. 

Depuis les attentats de janvier 2015, «chaque jour nous étions sous la menace. Nous savions qu'il y avait des opérations qui se préparaient, des individus qui se mêlaient aux flux de réfugiés, des chefs en Syrie», a développé François Hollande avant de mentionner l'impuissance de l'Etat face à la menace en ces termes : «Nous savions tout cela, mais nous ne savions pas où, quand, ni comment ils allaient nous frapper.»

Ce groupe nous a frappés non pas pour nos modes d'action à l'étranger mais pour nos modes de vie ici-même

En opposition avec les propos de Salah Abdeslam et des autres terroristes qui ont présenté les attentats comme une riposte à l'engagement militaire de la France en Syrie, l'ancien chef de l'Etat a affirmé que l'action extérieure du pays n'était pas la cause de l'opération : «Ce groupe nous a frappés non pas pour nos modes d'action à l'étranger mais pour nos modes de vie ici-même», tout en assurant que «la démocratie [serait] toujours plus forte que la barbarie.»

«François Hollande savait les risques qu'il prenait en attaquant l’Etat islamique en Syrie», avait ainsi lancé Salah Abdeslam au sixième jour du procès afin d'expliquer l'action terroriste. 

Face à l'évocation de son nom et de la Syrie par les terroristes lors de l'attaque, l'ancien président de la République a affirmé que l'objectif des terroristes était de «déstabiliser des pays comme le nôtre pour que s'installe une guerre de religion et une rupture entre les uns et les autres», avant d'ajouter que son objectif avait été de «préserver l'unité nationale».

Malgré certaines critiques émises à l'encontre de l'intervention de la BRI au Bataclan, François Hollande a tenu à affirmer son soutien aux forces de l'ordre de manière inconditionnelle : «La BRI a été exemplaire, et la BAC également, j'ai toujours été attentif à ce qu'il n'y ait pas de rivalité. Elle a mené l'opération avec un courage exceptionnel.»

La déposition de l'ancien chef de l'Etat, qui a débuté vers 16h, se poursuivait en fin d'après-midi, avec les questions du ministère public et de la défense.