France

Les candidats à la présidentielle unis contre Eric Zemmour à Colombey-les-Deux-Eglises

Une foule de politiques, notamment les candidats proclamés à l’élection présidentielle de 2022, se sont pressés sur la tombe de Charles de Gaulle pour commémorer le 51e anniversaire de sa disparition.

Comme chaque année le 9 novembre, de nombreux hommes politiques se sont rendus à Colombey-les-Deux-Eglises pour rendre hommage au général de Gaulle. Plusieurs candidats à l’élection présidentielle de 2022 étaient également présents pour contester sa récupération par ce qu’ils définissent comme l’extrême droite. La possible candidature d’Eric Zemmour a en effet cristallisé les passions autour de la mémoire de l’homme du 18 juin.

Jean Castex, Premier ministre et ancien membre des Républicains, s’est également rendu sur place pour représenter l’exécutif. «Tout le monde quelque part est un peu gaulliste, après il faut l'incarner dans son comportement au quotidien», a-t-il déclaré avant de se recueillir devant la croix de Lorraine.

Les cinq candidats à l'investiture LR – Michel Barnier, Xavier Bertrand, Eric Ciotti, Philippe Juvin et Valérie Pécresse – ont déposé ensemble une gerbe sur la tombe du général de Gaulle, en compagnie de Christian Jacob, qui a souligné que «la famille de la droite et du centre avance ensemble». C'était la première fois que les cinq candidats effectuaient un déplacement commun après des journées parlementaires début septembre. «Cette image, on y tenait, car c'est comme ça qu'on prépare la présidentielle et qu'on va gagner, en étant rassemblés», a affirmé après la cérémonie Christian Jacob.

«Quand j'entends des personnes qui légitiment l'action de Pétain en disant qu'il a sauvé des juifs, ils ne peuvent pas se dire gaullistes», a lancé Valérie Pécresse, en référence à certaines prises de positions d’Eric Zemmour. Celle-ci a d'ailleurs affirmé que nul ne pouvait se prévaloir de l'héritage gaulliste en dehors de LR : «Pas d'usurpation d'héritage : les vrais gaullistes, c'est nous». «On ne se laissera pas voler cet héritage par certains qui préfèrent Pétain à de Gaulle», a renchéri le patron des députés LR, Damien Abad. 

«Ce n'est pas un moment de campagne, mais de recueillement, de fidélité», a affirmé Xavier Bertrand. Abondant dans son sens, Michel Barnier a pour sa part estimé que Charles de Gaulle était «le contraire d'un politicien».

Nicolas Dupont-Aignan, qui s’est également rendu sur place, a lui aussi étrillé les propos d’Eric Zemmour. A ses yeux, «mettre sur un même plan Pétain et de Gaulle, c'est insupportable», tout comme le fait de voir ceux qui «détruisent l'indépendance de la France [venir] parader ici». Florian Philippot a quant à lui affirmé croiser des politiciens «qu'on ne voit jamais».

Marine Le Pen était, quant à elle, à Bayeux, où le général avait prononcé plusieurs discours en juin 1944 et juin 1946. Le matin du 9 novembre, elle a déposé une gerbe devant la Croix de Lorraine à Courseulles-sur-Mer. «Je choisis, comme (de Gaulle), le courage de l'action et m'inscris dans son legs politique pour voir renaître une France souveraine, indépendante et fière», a déclaré la candidate du Rassemblement national sur la place de Gaulle à Bayeux.

Anne Hidalgo s’est également investie en se comparant à une «gaulliste du 18 juin», tout en contestant «l’appropriation» de l’histoire qu’elle croit voir chez Eric Zemmour. Ce dernier, bien que pressenti à Colombey-les-Deux-Eglises, était absent.

Eric Zemmour se moque et qualifie ses adversaires de «traîtres au général de Gaulle»

Eric Zemmour a d’ailleurs versé dans l’ironie. «Aujourd'hui, pensant que j'allais annoncer ma candidature, toute la classe politique se déguise en Général de Gaulle [...] Je vous propose d'en rire : c'est ce qu'aurait fait le Général», a-t-il twitté.

Il a par la suite publié un court communiqué condamnant sans appel les hommages rendus par ses opposants. «Quand je vois tous ces gens de droite et de gauche se recueillir sur la tombe du général de Gaulle, j'ai l'impression de l'hommage du vice à la vertu. Ce sont tous des traîtres au général de Gaulle, qui les aurait tous reniés», a-t-il dénoncé.