Arnaud Montebourg a évoqué longuement le thème de l'immigration, pour Le Grand jury sur RTL et LCI, le 7 novembre. Un sujet que la gauche est souvent accusée d'éluder. «L'immigration doit être regardée en face, elle a fonctionné depuis des siècles dans notre pays», a-t-il commencé son intervention. «Mais la machine à intégrer ne fonctionne plus», a poursuivi le candidat à la présidentielle.
«Je défends l'intégration ou rien», a-t-il appuyé, en jugeant «fondamentale la question du travail», déplorant que la France a «laissé faire» l'immigration.
Plutôt que de traiter prioritairement la question du regroupement familial, Arnaud Montebourg a martelé qu'il fallait «d'abord» régler «la question de ceux qui n'ont aucun droit à rester sur le territoire [représentant] 100 000 personnes».
Arnaud Montebourg veut «taper au portefeuille»
L'un des principaux échec de l'intégration viendrait ainsi, selon l'ancien ministre du Redressement productif, du fait que la France a «aujourd'hui 100 000 mesures d'obligation, pesant sur des personnes [qui sont des] clandestins [et] doivent quitter le territoire [...] qu'[elle] n'arrive pas exécuter [et] qui, d'ailleurs, sont souvent des délinquants».
«La privation des visas ne fonctionne pas, donc je suis décidé à taper au portefeuille», a-t-il assuré en évoquant la décision d'Emmanuel Macron de supprimer les visas des pays du Maghreb qui refusent de coopérer à savoir, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. Comme le gouvernement, Arnaud Montebourg a noté que le principal obstacle à la reconduction venait des pays d'origine qui refusaient de reprendre leurs ressortissants.
Le défenseur de «la remontada» a alors annoncé une mesure phare, qui peut détonner à gauche : «Il y a 11 milliards de transferts d'argent qui passent par Western Union sur l'ensemble des pays d'origine. Nous bloquons tous les transferts aussi longtemps qu'on n'a pas un accueil de coopération [...] ce sont des transferts d'argent privé qui aujourd'hui sont une manne pour ces pays, et nous avons besoin de dire : "Ça suffit".»
Par cette mesure «provisoire» de blocage financier, il estime que les pays d'origine seront ainsi contraints de respecter la coopération, «s'ils veulent continuer à avoir le soutien de la diaspora – ce qu'ils réclament».
Un contrat précis pour l'intégration
Constatant un problème avec l'intégration, Arnaud Montebourg a en outre souhaité affirmer l'établissement d'un nouveau contrat «donnant-donnant» avec les immigrés : «Je pense que le parcours d'intégration c'est apprendre le français, trouver un travail, nous avons 300 000 emplois non pourvus [...] le respect des lois [...] admettre les valeurs françaises comme la laïcité [ou] le droit des femmes.»
«Mais pour que ce contrat ait une force, il faut que, quand il n'est pas respecté, la sanction soit effective», a déclaré Arnaud Montebourg. «Nous voyons bien les problèmes que nous avons», a lancé l'ancien ministre du Redressement productif en prenant notamment l'exemple des écoles «dans certains quartiers», «avec 80% d'enfants qui ne parlent pas le français».