France

Bordeaux : manifestation de soutien à Raoult devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins

Quelques dizaines de manifestants sont venus soutenir Didier Raoult, convoqué devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins en raison de plusieurs plaintes. L'avocat du professeur marseillais a déploré qu'il soit jugé «comme un criminel».

Quelques dizaines de manifestants sont venus accueillir chaleureusement Didier Raoult, le 5 novembre, devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins à Bordeaux où l'infectiologue marseillais était convoqué en conséquence des plaintes déposées à son encontre, notamment pour manquement à la déontologie, un grief que le principal concerné a toujours contesté.

Comme en témoignent plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux, l'actuel directeur de l'IHU Méditerranée Infection a salué, à son arrivée, la petite foule venue avec des banderoles de soutien. 

Son avocat, Fabrice Di Vizio, a également été applaudi par les personnes rassemblées sur place. 

A l'automne 2020, le Conseil départemental de l'ordre des médecins (CNOM) des Bouches-du-Rhône avait engagé des poursuites contre Didier Raoult, lui reprochant notamment plusieurs entorses au code de déontologie liées à la promotion de l'hydroxychloroquine pour lutter contre le Covid-19, «sans données scientifiques établies». Cela s'apparente à du «charlatanisme», d'avoir pris des «risques inconsidérés» en soignant des patients avec ce traitement «non éprouvé par la science» et d'avoir «manqué à son devoir de confraternité» envers d'autres médecins, a détaillé le rapporteur de la chambre disciplinaire.

Pour Didier Raoult, «on fait le procès de la réussite»

Pour Philippe Carlini, avocat de l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, ces poursuites ont été entreprises pour soutenir les «médecins libéraux héroïques» bousculés par «des patients angoissés» réclamant, «sans rien y connaitre», un traitement à l'hydroxychloroquine, en se fiant uniquement «sur la parole d’un éminent scientifique marseillais émise sans aucun prudence» sur les plateaux de télévisions et les réseaux sociaux.

«On fait le procès de la réussite» s'est pour sa part défendu l’infectiologue marseillais de 69 ans, debout, pull vert et chemise à carreaux. «Ce sont les médecins qui se plaignent de nous, pas les patients» a également rétorqué Didier Raoult, assurant avoir reçu «plus de 600 000 patients» au sein de l'IHU durant la crise sanitaire, «sans aucune plainte».

Pour Fabrice Di Vizio, le sujet de l'hydroxychloroquine est un «faux débat». Son client, dit-il, est jugé «comme un criminel», essentiellement pour ses prises de positions critiques sur la gestion de la crise sanitaire par les autorités.

Selon cet avocat, très mobile à la barre, le dossier ne comporte aucun propos précis ou daté prouvant le dénigrement du professeur marseillais envers la profession. A l'inverse, la «communication générale» de l'IHU et de son directeur a permis notamment de mettre en évidence l'intérêt de recourir à «des tests massifs de patients» ou d'identifier «la problématique des cycles» du virus pour mieux gérer la crise sanitaire en France, a-t-il encore plaidé.

Plaintes pour «harcèlement» et «non-confraternité» déposées par le professeur Raoult

Le professeur Raoult a de son côté porté plainte, au mois de septembre, contre le président du CNOM, Patrick Bouet, pour «harcèlement». Quelques semaines plus tôt, le directeur de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille avait également déposé une plainte contre le vice-président de l'ordre des médecins des Bouches-du-Rhône, le docteur Guillaume Gorincour, pour «non-confraternité». Depuis le début de la pandémie, la défense de l'usage de hydroxychloroquine contre le Covid par le professeur Raoult a suscité des polémiques dans le monde scientifique.

En septembre 2020 par exemple, la Société de pathologie infectieuse de langue française avait dénoncé la promotion de ce traitement «sans qu'aucune donnée acquise de la science ne soit clairement établie à ce sujet, et en infraction avec les recommandations des autorités de santé», selon elle. L'IHU Méditerranée Infection de Marseille et son directeur sont également accusés d'avoir mené depuis 2017 de supposés «essais cliniques» illégaux contre la tuberculose, ce qu'ils nient.