France

Jean-Marie Le Pen relaxé après ses propos sur la «fournée» en 2014

L'ex-dirigeant du Front national était jugé pour provocation à la haine raciale, sept ans après sa phrase sur la «fournée» visant notamment Patrick Bruel, qui avait suscité un tollé. Il a été relaxé ce 29 octobre.

Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé ce 19 octobre 2021 l'ancien président du Front national (devenu par la suite Rassemblement national) Jean-Marie Le Pen, qui était jugé pour provocation à la haine raciale, sept ans après sa phrase sur la «fournée» qui avait suscité un tollé.

Le tribunal a reconnu que les propos de Jean-Marie Le Pen avaient pour cible la communauté juive car «le mot fournée» renvoyait à «l'image quand bien même symbolique du processus d'extermination systématique des Juifs d'Europe», a expliqué la présidente du tribunal.

Cependant, le tribunal a jugé qu'il s'agissait, non pas d'un appel à la discrimination et à la violence, mais d'«une jubilation pour faire un bon mot face à un auditoire acquis» à Jean-Marie Le Pen. L'ancien candidat à l'élection présidentielle, âgé de 93 ans, n'était pas présent à l'énoncé du jugement. 

Les faits l’ont emporté sur la malveillance. Je me réjouis que dans cette affaire qui était évidente le tribunal a jugé suivant le droit

Jean-Marie Le Pen a aussitôt déclaré à l'AFP : «Les faits l’ont emporté sur la malveillance. Je me réjouis que dans cette affaire qui était évidente le tribunal a jugé suivant le droit.»

Lors du procès, le ministère public avait considéré que les propos de Jean-Marie Le Pen constituaient une «grave faute morale» mais n'avait pas présenté de réquisitions. Son coprévenu Jean-François Jalkh, ex-directeur de publication du site internet du FN, a lui aussi été relaxé.

Des propos qui avaient divisé au sein même du FN

Dans une vidéo diffusée le 6 juin 2014, Jean-Marie Le Pen, alors député européen, s'en était pris aux artistes engagés contre le FN, tels Yannick Noah, Guy Bedos et Madonna. Alors que son interlocutrice lui avançait le nom du chanteur Patrick Bruel, d'origine juive, l'homme politique avait commenté dans un rire : «Ça ne m'étonne pas. Ecoutez, on fera une fournée la prochaine fois !»

Ces mots avaient déclenché une pluie de condamnations et semé la discorde au sein de son propre parti. Sa fille Marine Le Pen, alors présidente du FN, avait décrit «une faute politique». 

Le cofondateur du parti avait été exclu du mouvement à l'été 2015, avant d'être déchu de sa présidence d'honneur au congrès de mars 2018.