France

L'Académie de médecine s'oppose à un pass sanitaire lié à une troisième dose

L'Académie de médecine est opposée à l'idée envisagée par le gouvernement de conditionner le pass sanitaire à une troisième dose de vaccin anti-Covid. Elle souhaite que les mesures «incitatives» soient plutôt dirigées contre les non vaccinés.

L'Académie de médecine entre dans le débat en affirmant son désaccord sur un pass sanitaire conditionné à l'injection d'une troisième dose de vaccin anti-Covid.

«[Cette mesure] transgresse le rôle dévolu au pass sanitaire qui était de limiter le risque de transmission du virus et d'inciter la population à se faire vacciner», a-t-elle ainsi estimé dans un communiqué daté du 28 octobre. «Elle induit quelque incertitude sur l'efficacité de la vaccination et suscite une discrimination injustifiée à l'égard des personnes les plus vulnérables qui ont déjà accepté de recevoir les deux premières doses de vaccin», poursuit l'instance.

Le rappel, qui est le plus souvent une troisième dose, est aujourd'hui destiné aux personnes les plus âgées ou fragiles, particulièrement soumises au risque de développer une forme grave de Covid.

Faut-il user de la contrainte vis-à-vis de cette population sensibilisée qui, pour sa grande majorité, consentira spontanément à recevoir le rappel vaccinal ?

Tout en soulignant le «bien-fondé» de ce rappel à cause d'une baisse d'immunité six mois après la deuxième dose, l'Académie s'interroge : «Faut-il user de la contrainte vis-à-vis de cette population sensibilisée qui, pour sa grande majorité, consentira spontanément à recevoir le rappel vaccinal ? Les mesures incitatives ne devraient-elles pas cibler en premier lieu toutes les personnes encore non vaccinées, dont 20% des adultes ?»

Le gouvernement attend des recommandations scientifiques avant de trancher sur l'intégration ou non du rappel dans le pass sanitaire. Il a sollicité la Haute autorité de santé (HAS), le comité d'orientation pour la stratégie vaccinale et le conseil scientifique pour avoir leur avis. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué le 26 octobre que ces avis devraient parvenir «dans quelques jours». 

L'Académie de médecine, dont les avis ne sont pas contraignants, a pour mission de répondre aux questions du gouvernement dans le domaine de la santé, afin de lui donner un éclairage. Elle peut aussi émettre des avis sans avoir été sollicitée au préalable.