A l'occasion de son passage télévisé sur BFMTV le 28 octobre, le candidat Insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon a entre autres été invité à s'exprimer sur le combat politique d'Eric Zemmour, qu'il a en partie assimilé au judaïsme. Non trouvable dans une version écourtée de l'entretien publiée sur le site de la chaîne d'informations en continu, le passage en question a été partagé par plusieurs internautes sous la forme d'un court extrait sur les réseaux sociaux. On retrouve celui-ci dans la retransmission en direct de l'émission sur Twitter.
«Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu'il reproduit beaucoup de scénarios culturels», considère notamment Jean-Luc Mélenchon, affirmant par exemple qu'Eric Zemmour ne voulait «pas toucher à la tradition» ou encore qu'il portait en «horreur» le concept de «créolisation». Et d'ajouter : «Et tout cela, ce sont des traditions qui sont beaucoup liées au judaïsme, qui a ses mérites... Et cela lui a permis de survivre dans l'histoire.»
Le leader de La France insoumise répondait en fait à une question du journaliste Bruce Toussaint portant sur les propos du grand rabbin de France Haïm Korsia, qui a récemment estimé qu'Eric Zemmour était «antisémite certainement [et] raciste évidemment». Jean-Luc Mélenchon a alors commencé par souligner que cette personnalité était un «rabbin politicien», rappelant son opposition à La France insoumise.
Monsieur Zemmour ne doit pas être antisémite parce qu'il reproduit beaucoup de scénarios culturels
«Qu'un juif soit antisémite est une nouvelle», a ensuite fait remarquer Jean-Luc Mélenchon, ajoutant que le grand-rabbin se «tromp[ait]» quant à son verdict sur Eric Zemmour. Plus loin dans son intervention sur le sujet, le député a précisé : «S'il est antisémite il sera condamné... Il est raciste, ça c'est sûr ; il a été condamné pour cela.»
Les réactions fusent
La diffusion du court extrait sur les réseaux sociaux a rapidement suscité la polémique.
«Pour Mélenchon, Zemmour est un candidat représentatif des "scénarios culturels du judaïsme" à savoir : "ne rien changer à la tradition" et avoir la créolisation en horreur. C’est-à-dire : une secte conservatrice et consanguine. Voilà voilà», a par exemple commenté la journaliste Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction à l'Express. «Eh voilà… Le piège se referme… Le scénario de cauchemar… La nausée», a abondé le très médiatisé écrivain Bernard-Henri Lévy, en repartageant l'extrait en question avec le hashtag #antisémitisme.
«Non Jean-Luc Mélenchon, le racisme, le négationnisme, le sexisme et le pétainisme, cette haine de l’autre que profère Zemmour de façon obsessionnelle, ne sont en aucune façon des traditions juives. Le laisser entendre est une faute politique et morale», a encore estimé le directeur de la publication de Mediapart Edwy Plenel.
Déjà visé par le passé par des accusations d'antisémitisme émanant de ses détracteurs, le principal concerné avait réagi à une polémique à ce sujet lors d'un entretien avec Cyril Hanouna, diffusé au début de l'année par la chaîne C8. L'animateur de TPMP avait alors interrogé son interlocuteur au sujet de certains de ses propos sur le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Un passage que des partisans du leader des Insoumis ont exhumé face à la polémique naissante. «Jean-Luc Mélenchon va devoir s’expliquer tous les jours ? L’antisémitisme n’est pas dans ses moyens ! Stop au #MelenchonBashing !», a par exemple tweeté le compte JLM 2022 ce 29 octobre.
Des accusations «hors de propos» pour Jean-Luc Mélenchon
Par la suite ce 29 octobre, Jean-Luc Mélenchon a lui-même réagi à la polémique en partageant une publication titrée : «Encore ! antisémitisme et zemmourisme : la nausée.» A travers quelques paragraphes, le député des Bouches-du-Rhône a estimé que les accusations d'antisémitisme le visant étaient «sans fondement, sans argument, et hors de propos». «Je demande qu’on respecte ma pensée et qu’on ne la confonde pas avec ses interprétations par mes adversaires. Et je suis même prêt à admettre que je me suis mal exprimé puisque j’ai donné prise à des interprétations qui sont au contraire de ce que je pense», a encore écrit le candidat à la présidentielle.