France

«Non-sens écologique» : les propos d'une ministre sur les maisons individuelles suscitent un tollé

«Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse», a déclaré le 14 octobre la ministre du Logement Emmanuelle Wargon. Face à la colère du secteur de la construction, elle assure que ses propos ont été caricaturés.

Dans un discours prononcé le 14 octobre en clôture de l'opération «Habiter la France de demain» – une initiative gouvernementale visant à promouvoir les modèles d’habitats durables – la ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon a entre autres estimé que les maisons individuelles correspondaient à un «rêve construit pour les Français dans les années 70», soulignant que «ce modèle d’urbanisation qui dépend[ait] de la voiture pour les relier» constituait «un non-sens écologique, économique et social».

«Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse», a-t-elle encore déclaré, selon des propos rapportés par plusieurs médias et cités par l'AFP.

Peu après ce discours, le pôle Habitat de la Fédération française du bâtiment (FFB) a déploré «la stigmatisation persistante de l’habitat individuel, à contresens des aspirations des Français», tandis que la Fédération des constructeurs de maisons individuelles s'est dite «révoltée contre de tels propos tenus par une élite parisienne dite écologique et pourtant très loin des territoires, des habitants et de leurs préoccupations».

La ministre s'explique

Dans un communiqué publié le 15 octobre, le ministère de la Transition écologique a affirmé qu'Emmanuelle Wargon avait dit «très clairement» qu'«il n’[était] pas question d’en finir avec la maison individuelle». «Elle regrette la caricature faite de ses propos, qui ne reflète pas la teneur de son discours prononcé», peut-on encore lire dans le texte cité par l'AFP.

«Oui, de nombreux Français rêvent de la maison individuelle car c'est une promesse de confort, d'espace et de tranquillité. Personne ne veut les en empêcher ni les en dissuader. Ils sont aussi en demande de services de proximité. Pourtant les lotissements en périphérie des villes ne permettent pas toujours d'accéder à ces services et contribuent à un sentiment d’exclusion. Il faut donc repenser nos modèles d’urbanisme», est-il également écrit.  

L'opération «Habiter la France de demain», que clôturait Emmanuelle Wargon, visait à «mettre en valeur d'autres modèles d’habitat, plus durables et plus agréables à vivre, qui pour beaucoup existent déjà en France et ont vocation à se développer en complément de l’offre existante, qui bien sûr demeure», selon le communiqué du ministère.

Celui-ci affirme par ailleurs que «les maisons individuelles ont toutes leur place dans ces nouveaux modèles», et que la ministre «continuera pour sa part de défendre tous les modèles d’habitat durables qui, sans s’opposer à la maison individuelle, donnent des perspectives d’avenir pour réconcilier l’impératif écologique et celui de loger les Français là où ils en ont besoin».