France

«Clientélisme», «crade», «honteux»... Corbière crée la polémique un an après la mort de Samuel Paty

Un an après la décapitation de Samuel Paty, le député insoumis Alexis Corbière a provoqué un tollé après s'être interrogé, le 15 octobre, sur le bien-fondé du choix consistant à montrer Charlie Hebdo à un jeune public.

Alors qu'il intervenait le 15 octobre sur La Chaîne parlementaire dans un épisode de l'émission «Ca vous regarde» intitulé «Samuel Paty : un an après, qu'est-ce qui a changé ?», le député insoumis Alexis Corbière s'est attiré les foudres de nombreux commentateurs sur les réseaux sociaux après avoir estimé qu'il était discutable de présenter des dessins de la revue Charlie Hebdo à un jeune public, dans le cadre scolaire.

«A mon époque, Charlie Hebdo était un journal réservé aux adultes», a-t-il notamment souligné, remettant dans la foulée en question de la pertinence de recourir à un tel support dans un cadre pédagogique face à des adolescents. «N'y a-t-il pas là-dedans des dessins qui ne sont pas faits pour des adolescents ?», s'est effet interrogé l'élu de Seine-Saint-Denis, qui a lui-même été professeur de lettres et d'histoire-géographie en lycée professionnel.

Néanmoins, au-delà de la légitimité professionnelle d'Alexis Corbière à s'exprimer sur le sujet, c'est un discours politicien que lui ont reproché ses détracteurs, qui plus est à un jour du tragique anniversaire de la décapitation du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty par le terroriste islamiste Abdoullakh Anzorov à Conflans-Sainte-Honorine. Pour rappel, ce sauvage assassinat a été perpétré après qu'une élève a accusé à tort Samuel Paty d'avoir discriminé certains de ses élèves musulmans dans le cadre d'un cours d'éducation civique. Il fut rapidement révélé que les allégations le visant étaient fausses, et le professionnalisme du défunt enseignant a par la suite été abondamment salué, à la fois par ses élèves et par ses collègues. 

Au sein de la classe politique, de vigoureuses critiques n'ont pas tardé à fuser.

«Lorsque je le côtoyais, jamais il n’aurait pu sortir une phrase aussi ambiguë... le clientélisme islamique l’a terriblement changé», a écrit son ancien camarade Andréa Kotarac, qui a quitté La France insoumise en 2019 et est aujourd'hui président du groupe RN d’Auvergne-Rhône-Alpes.

«Il appartient aux professeurs de choisir les outils pour former les élèves à l’esprit critique. Cette suspicion est aussi scandaleuse que malvenue en ce jour d’hommage à Samuel Paty. Certains responsables de La France insoumise sont à la dérive sur ce qui devrait nous rassembler», a pour sa part réagi le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, professeur d'histoire-géographie de profession.

«Les mains et la bouche sales… Il est prof d’hist.-geo. L’orthodoxie islamique dévore tout, et alors la réalité scientifique offense. L’égalité filles-garçons choque. Autocensure et démagogie pour être élus. C’est crade. Cela pénalise les élèves dans leur devenir», a quant à elle déploré l'enseignante et essayiste engagée dans la défense de la laïcité, Fatiha Agag-Boudjahlat.

«Laisser penser que Samuel Paty est responsable de son propre assassinat est juste honteux ! Ce qui n’est «pas fait pour les adolescents», c’est l’endoctrinement fanatique ! Les enseignants doivent être soutenus dans leur mission. Ils sont la première ligne républicaine !», a de son côté tonné le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

«J’ai été élue à ses côtés de 2008 à 2014, il était brillant, un fervent républicain, un très bon professeur d’histoire et maintenant je vois sa déchéance à chacune de ses interventions ! Reprends-toi Alexis Corbière», a écrit Lunise Marquis une ancienne camarade d'Alexis Corbières, ex-adjointe à la maire du XIIe arrondissement de Paris.