La scène d’un élève bousculant sans ménagement une enseignante au lycée Jacques-Prévert à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne) diffusée sur les réseaux sociaux le 8 octobre, et confirmée par l’académie de Créteil, a suscité une importante polémique.
Dans la vidéo, on peut voir l’élève alpaguer sa professeur qui l’intimait de regagner sa place : «Ne me touchez pas, Yassine», lui a-t-elle lancé alors qu’elle bloquait la porte. «Wallah, écarte-toi de ma rue. Eh le Coran, poussez-vous Madame», lui a rétorqué le jeune homme en la poussant violemment en ouvrant la porte. L’enseignante est tombée à terre sous les rires des élèves présents dans la classe.
L’académie de Créteil a indiqué par la suite que «le chef d'établissement, immédiatement prévenu, a pris en main la situation et a assisté l’enseignante». Celle-ci bénéficie désormais d’un «appui psychologique» ainsi que d’une «protection fonctionnelle». Une plainte devrait aussi être déposée. L’élève a également été sanctionné. Il a «interdiction d'accès à l'établissement à titre conservatoire [et] s’expose à de lourdes sanctions disciplinaires».
Des plaintes prévues contre l'élève et ceux qui ont filmé la scène
Par ailleurs, Valérie Debuchy, la directrice du service départemental de l'Education nationale (DSDEN) de Seine-et-Marne, s’est rendue dans l’établissement le 11 octobre. «J’ai pu leur montrer à quel point, tout de suite, dès vendredi [le 8 octobre], l’institution et toute la hiérarchie a pu faire preuve d’un soutien sans faille auprès de cette enseignante», a-t-elle assuré au micro de BFMTV.
Elle a également indiqué que plusieurs poursuites seraient lancées à l’encontre de l’élève : par l’enseignante «accompagnée au commissariat pour porter plainte», mais par le proviseur également au nom de l’établissement. Selon Valérie Debuchy, l’élève «est connu» et devra comparaître devant un conseil de discipline.
L’académie, par la voix de son recteur, Daniel Auverlot, a condamné «avec la plus grande fermeté cet acte isolé» et a assuré à l’enseignante son «soutien plein et entier». «Aucune menace ou agression, physique ou verbale» à l'encontre du corps enseignant «ne peut être tolérée», a-t-il affirmé.
Le maire de la ville a pour sa part dénoncé un acte «inqualifiable». «L'hypothèse de jeter l'opprobre sur tout un lycée, ses élèves et ses enseignants c'est tout aussi inacceptable», a-t-il jugé au micro de RMC.
Le Syndicat national des lycées, par la voix de Jean-Rémi Girard, a plaidé pour une «sanction exemplaire contre l'élève qui a agressé mais également contre celui qui a filmé ça, ce qui est totalement illégal», chose qui a été confirmée par Valérie Debuchy.
Le Syndicat des commissaires de la Police nationale (SCPN) a également réagi sur Twitter : «Tout est grave et choquant : l’agresseur, qui invoque le Coran et violente une femme ; les rires, les commentaires stupides d’une classe passive et qui filme. Une partie de la jeunesse, communautarisée, n’a plus aucune limite ni respect de personne. Séparatisme ?»
D'autres réactions ont été plus singulières. Sans condamner l'agression dont l'enseignante a été victime, l'essayiste Laurence de Cock s'est insurgée du fait que son visage n'ait pas été flouté. «Dites Le Figaro, je suis extrêmement gênée que soit reprise dans votre article une vidéo montrant l'agression d'une collègue sans que son visage, a minima, ne soit flouté. C'est trop demander de ne pas exposer les visages des enseignant.e.s sur les réseaux sociaux ?»
Même son de cloche de la part de de Thomas Portes, porte-parole national de Génération.s : «Tranquillement Le Figaro diffuse l’agression d’une enseignante sans masquer son visage. Ça vous dérange pas Le Figaro ?»