France

«Epuration ethnique» dans des quartiers : recadré par Damien Abad, le maire LR Gilles Platret assume

Le patron des députés LR Damien Abad a condamné les propos d'un des vice-présidents du parti, Gilles Platret, évoquant une «épuration ethnique» qui serait menée par un «bloc musulman». L'ex-LREM, Aurélien Taché a pour sa part saisi la justice.

Le maire Les Républicains (LR) de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Gilles Platret, a suscité la controverse en dehors et à l'intérieur de son camp après une intervention le 5 octobre sur CNews : «Ce qu'on voit aujourd'hui dans certains quartiers – et je vais employer un mot qui va forcément faire réagir autour de cette table – moi, je sens une espèce d'épuration ethnique.» Et Gilles Platret d'évoquer «des personnes d'origine étrangère qui chassent petit à petit ce qu'on appelle en démographie des natifs, c'est-à-dire des gens originaires du pays, pour faire la place [et] pousser dehors» ceux qui n'appartiennent pas à «un bloc musulman».

Ce 7 octobre, sur CNews, le président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Damien Abad, a jugés les propos de l'édile «pas acceptables», s'est dit «en total désaccord» et les a «condamnés, car ça ne fait que fracturer la société française».

«Je dis à ma famille politique que ce n'est pas en faisant des clins d'œil ou des appels du pied à Eric Zemmour ou madame Le Pen qu'on attirera les électeurs à nous», a-t-il ajouté. «La droite doit porter des convictions fortes sur des projets politiques et n'a pas à courir à l'échalote à partir de tel mot, telle outrance ou tel excès», a-t-il conclu.

Malgré le tollé soulevé, Gilles Platret a persisté ce 7 octobre lors d'un débat sur CNews avec le député ex-La République en marche Aurélien Taché : «Il est grand temps que Damien Abad retourne sur le terrain ; les couloirs de l'Assemblée nationale font parfois perdre la mesure de la réalité», a-t-il estimé en faisant valoir sa fonction de maire.

«Les Républicains sont un parti composite. Je ne pense pas non plus, sur une idée aussi avancée que celle que j'exprime, faire l'unanimité. Mais je n'aspire pas à l'unanimité !», s'est-il défendu.

Sur Twitter, Gilles Platret en a ensuite remis une couche : «Se faire tacler par la gauche, c’est un honneur. Me faire tacler par des amis, c’est [d']une pitié, Damien Abad. Nos militants n’admettront jamais la police de la pensée dans notre propre famille politique. J’en appelle à l’esprit du compagnonnage.»

L'édile a ensuite relayé des messages de soutien, émanant de son propre parti, à l'instar du sénateur Alain Houpert.

Aurelien Taché saisit la justice 

Le député du Val-d'Oise Aurélien Taché a, pour sa part, affirmé avoir saisi la justice sur la base de l'article 40 du Code de procédure pénale qui oblige les autorités à saisir la justice en cas de crime ou délit dont elles auraient connaissance. Car les propos de Gilles Platret relèvent, selon lui, «d'une incitation à la haine envers nos concitoyens musulmans».

Ce à quoi Gilles Platret a répondu : «Saisissez la justice, monsieur Taché, saisissez donc ! Quand la dénonciation à l’ombre de l’article 40 vient d’un député qui a justifié la polygamie et qui défend le droit à toutes les cultures d’exister sur le sol français sauf la française, cela vaut toutes les médailles !»