France

175 parlementaires français appellent au rapatriement de Syrie de 200 enfants et leurs mères

Dans une tribune publiée dans Le Monde le 4 octobre, 175 parlementaires français ont appelé le gouvernement à «rapatrier immédiatement» les enfants français et leurs mères, «détenus arbitrairement» dans des camps du nord-est de la Syrie.

Dans une tribune publiée dans Le Monde le 4 octobre, 175 parlementaires français, majoritairement de gauche mais aussi de la majorité, ont appelé le gouvernement  à «rapatrier immédiatement» les 200 enfants français et leurs mères, «détenus arbitrairement» dans des camps du nord-est de la Syrie.

Dans cette tribune, les élus appellent le gouvernement et avec lui les Français à faire preuve de compassion envers les enfants français détenus en Syrie. «Ces enfants sont innocents : ils n’ont pas choisi de partir en Syrie, de naître en zone de guerre ou dans ces camps. Ils sont des victimes, que la France abandonne en leur faisant payer le choix de leurs parents : laisser périr ces enfants dans ces camps est indigne de notre Etat de droit et contraire à nos engagements internationaux», affirment-ils.

La tribune s'appuie sur un rapport de l'ONG internationale Rights and Security International (RSI) publié en février 2021, un rapport qui dénonçait les conditions sanitaires en vigueur dans les camps de réfugiés administrés par les forces kurdes, alliées de la France dans la lutte contre Daesh. Dans ledit rapport, l'ONG n'hésite pas à qualifier les camps de réfugiés de «Guantanamo d'Europe».

Toujours en février 2021, une vingtaine d’experts indépendants des droits de l’Homme auprès des Nations unies avaient appelé à une action immédiate pour «prévenir des dommages irréparables aux personnes en situation vulnérable qui y sont détenues» et relevaient qu’«un nombre indéterminé de personnes sont déjà mortes à cause de leurs conditions de détention».

Ces parlementaires ne se contentent d'appeler au rapatriement des enfants, ils demandent également le retour des mères de ces enfants. «Rapatrier ces femmes est par ailleurs, et avant tout, un impératif sécuritaire», se justifient-ils. «En les laissant sans perspective de jugement dans ces foyers de violences et de radicalisation, la France prend le risque que ces femmes s’évadent, se dispersent, rejoignent des groupuscules terroristes et viennent grossir les rangs de [Daesh] en emportant, avec elles, leurs enfants», ajoutent-ils.

Parmi les signataires, Clémentine Autain (LFI), Esther Benbassa (EELV), Eric Coquerel (LFI) ou bien encore l’élu européen Raphaël Glucksmann.

Un sujet politiquement sensible

Le gouvernement ne semble pas pressé de s'attaquer à l'épineux dossier du rapatriement des Français détenus en Syrie. Il faut dire que le sujet est politiquement très sensible – plus encore à la veille d'une élection présidentielle. Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour France Info et Le Figaro paru en février 2019, 67% des personnes interrogées étaient opposées au retour en France des enfants de djihadistes. 

Le gouvernement s'exposerait ainsi aux attaques de l'opposition de droite qui reste farouchement hostile au rapatriement. En octobre 2019, Marine Le Pen avait déclaré qu'il fallait «déchoir de leur nationalité française, par décret administratif, tous ceux qui sont partis combattre en Syrie».

Pour rappel : en octobre 2020, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait vainement plaidé pour que l'Irak juge les ressortissants français. Bagdad avait alors refusé.