A l'instar du gouvernement français, l'opposition politique a déploré ce 16 septembre l'annonce d'un accord stratégique entre Washington, Camberra et Londres qui a conduit à la rupture d'un contrat à 56 milliards d'euros pour la fourniture de 12 sous-marins français à l'Australie.
Le maire PS de Cherbourg-en-Cotentin, où se trouve le chantier des sous-marins, a notamment dénoncé un «coup de poignard de l'Australie qui interroge sur la politique internationale menée par [la France]». Auprès de l'AFP, Benoît Arrivé a évoqué une «vraie déception industrielle et humaine» et «une vraie claque à la politique étrangère française». «On a la chance d'avoir une vraie embellie pour amortir le choc. J'espère que le plan de charge de Naval Group va permettre d'amortir cette crise», a ajouté l'élu, espérant «minimiser les impacts pour les équipes» du groupe industriel de défense français. Selon le maire, une centaine d'Australiens étaient accueillis et «parfaitement intégrés» à Cherbourg dans le cadre de ce contrat. «Ce sont devenus des amis», a-t-il souligné.
Vincent Hurel, secrétaire général de la CGT Naval Group à Cherbourg, a préféré relativiser la résiliation de contrat : «C'est une déception modérée parce qu'on avait un enthousiasme modéré lors de la signature du contrat [...] Le risque était connu», a-t-il déclaré à l'AFP. «On attendait la mise en œuvre. Tout ne roulait pas parfaitement», a ajouté le syndicaliste, qui s'est dit «déçu mais pas surpris». «L'échec de ce contrat aura des conséquences industrielles très modérées parce qu'il n'était pas assez avancé. On espère que ce retour d'expérience va faire réfléchir notre direction sur une stratégie sur la vente d'armes», a ajouté le représentant CGT.
Le député France insoumise Jean-Luc Mélenchon a vu dans cette annonce «une nouvelle manifestation du mépris des États-Unis pour les accords conclus par ses alliés». «Il est temps de cesser de se bercer d'illusion, de refuser la caporalisation, de quitter l'OTAN et d'expulser de France le Centre d'excellence OTAN pour l'espace que les USA veulent installer à Toulouse», a-t-il ajouté dans un communiqué ce 16 septembre.
La droite pointe une «gifle diplomatique»
«En rompant ses engagements avec la France sur les sous-marins, l'Australie porte un coup injuste à une coopération stratégique prometteuse. Ce comportement entre alliés n’est pas acceptable. Il faudra aussi tirer des enseignements sur l'accompagnement politique de tels contrats», a déploré le candidat à la primaire de la droite Michel Barnier, ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac.
Egalement candidate à droite en vue de la présidentielle 2022, la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse a déploré «un camouflet diplomatique pour la France» et «un signe inquiétant» pour l'industrie française de défense.
«Gifle diplomatique» et «catastrophe industrielle» également pour le sénateur LR Bruno Retailleau, qui estime que «la France et l'Europe doivent en tirer les leçons». Sa collègue LR au Sénat Valérie Boyer a aussi parlé d'«échec industriel [et] diplomatique», évoquant une «trahison» et ironisant sur «la solidarité dans l'OTAN».
«Le monde entier bat en brèche nos positions et nos zones d'influence», a souligné le député LR Julien Aubert, qui pointe un «bilan catastrophique en termes d'indépendance nationale» de la part du président Emmanuel Macron.
«Dans la guerre impitoyable que se livrent les pays, les intérêts français ont besoin d'être portés avec force par un État actif, puissant, souverain ! Est-ce possible avec Macron et l'UE ? Non !», a affirmé le chef des Patriotes Florian Philippot.
La France, qui voit un contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) échapper à son industrie navale, avait fustigé dès la veille une «décision regrettable» et «contraire à la lettre et à l'esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l'Australie», selon un communiqué conjoint des ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Ce 16 septembre, le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian s'est dit «en colère», tandis que sa collègue Florence Parly a dénoncé un événement «grave».