Le 11 septembre Marc-Antoine Jamet, l'édile PS de Val-de-Reuil (Eure) a été «enfariné» sur le parvis de la mairie où il venait de célébrer un mariage. Plusieurs individus ont également pénétré dans le bâtiment mais la temporalité de la succession des événements restent floue. L'élu a dénoncé l’action d’«individus racistes et violents», une semaine après une rixe communautaire survenue dans cette commune de l'Eure.
Le 5 septembre dans le jardin du quartier de la Grosse Borne à Val-de-Reuil, un affrontement avait opposé une centaine de personnes issues des communautés kurde et africaine. Cette rixe a fait au moins trois blessés. En cause : une banale dispute entre deux enfants âgés d’une dizaine d’années.
Dans les jours qui ont suivi, deux personnes d'origine africaine soupçonnées d'avoir frappé un homme gravement blessé ont été arrêtées. Par ailleurs, une trentaine d’armes ont été saisies en marge d’un rassemblement non autorisé lancé par le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), comme le rapporte France Bleu. Le calme n’a pu être maintenu que grâce à la présence en nombre de CRS, précise le quotidien régional Paris-Normandie.
Un «enfarinage» et une cérémonie de mariage perturbée
Les tensions ont donc repris, le 11 septembre, illustrée par la présence d'une centaine d'individus rassemblés devant la mairie à l'appel de la Ligue de défense noire africaine (LDNA).
«Protégeant des mariés inquiets des 150 couillons excités assiégeant la mairie de Val-de-Reuil, un type me jette un paquet de farine en détalant», a commenté Marc-Antoine Jamet en publiant sur Twitter des images de l'«enfarinage».
Sur sa page Facebook, la LDNA a évoqué un rassemblement faisant suite «aux agressions racistes et négrophobes des Kurdes» et un «enfarinage dans un "esprit bon enfant"».
L'édile a décrit les événements en ces termes, rapportés par France Bleu : «La mairie, ce samedi, a été assiégée par un groupe de 100-150 personnes venues de Paris et d'ailleurs, sorte de groupe extrémiste et raciste. Parmi eux, trente à quarante sont entrés physiquement dans la mairie, ont perturbé des mariages, cassé une porte, provoqué des malaises chez des enfants qui ont eu peur.»
Marc-Antoine Jamet a également publié des images de cette intrusion en ajoutant : «Trente individus racistes et violents menés par un ex-rappeur condamné pour viol envahissent la mairie de Val-de-Reuil, rejoints par 70 autres, arrachent la porte de la salle du conseil et bousculent une élue courageuse portant l’écharpe tricolore.» Le meneur en question serait le dénommé Sylvain Afoua.
Le maire continue sa démonstration avec ce qu'il qualifie comme étant «sans doute le moment le plus hallucinant» de la journée. «La majorité des assiégeants sont restés dans le hall. Au 1er, une trentaine casse la porte de la salle du conseil et le marié panique : son fils vient de faire un malaise», explique-t-il.
Une vidéo filmée lors de la cérémonie de mariage est également visible.
«L'atmosphère est explosive à partir du moment où Marine Le Pen, le PKK et la Ligue de défense noire africaine se mêlent de choses qui à Val-de-Reuil sont réglées – et c'est comme ça que je le fais depuis vingt ans – entre habitants, qui retrouvent assez rapidement le chemin de la paix», a tenu à précisé l'élu auprès de la radio publique locale.
Des actes condamnés par de nombreux élus
Peu après les événements, Marc-Antoine Jamet a reçu le soutien de responsables politiques, y compris hors du Parti socialiste.
«Agresser un maire, forcer l’accès d’une mairie, sont des actes inadmissibles dans notre démocratie que rien ne saurait justifier !», s'est indigné sur Twitter Sébastien Lecornu, ministre des Outre-Mer et président du département de l'Eure.
«Total soutien. Pour la ville et pour ses élus», a déclaré Aurore Bergé, députée des Yvelines et conseillère régionale LREM.
Sa collègue députée LREM de Seine-Maritime Sira Sylla s'est exprimée en ces termes : «Je ne me prononcerai pas sur les agresseurs. Je ne connais pas leur profil. Mais inacceptable. Des images très choquantes. Entier soutien à Marc-Antoine Jamet Courage ! Les attaques gratuites et graves, les menaces contre les élus se multiplient. Et nous devons tous condamner fermement !»
Emmanuelle Cosse, la conseillère régionale d'Ile-de-France, ex-secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts et ex-ministre du Logement, a apporté «tout [son] soutien à Marc-Antoine Jamet ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe municipale». «Ton implication depuis si longtemps pour le vivre ensemble au Val-de-Reuil est une réponse implacable au délire de ces gens», a-t-elle écrit à l'intention du maire.