Le procès de plusieurs volets de l'affaire Benalla s'ouvre ce 13 septembre au tribunal judiciaire de Paris.
L'ancien chargé de mission du président de la République est poursuivi pour les violences du 1er Mai 2018 qui ont déclenché l'affaire Benalla, aux chefs de «violences en réunion, immixtion sans titre dans l'exercice d'une fonction publique, port d'arme, usage public et sans droit d'un insigne, violation du secret professionnel et divulgation d'images de vidéoprotection».
Dans un volet ultérieur de l'affaire, celui des passeports diplomatiques, Alexandre Benalla est poursuivi pour «faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d'un insigne».
A ses côtés, comparaissent l'ancien gendarme et salarié de LREM Vincent Crase, mais également deux anciens hauts-gradés de la préfecture de police de Paris. Le premier avait été vu à plusieurs reprises avec Alexandre Benalla au moment des violences du 1er mai et les deux autres sont suspectés de lui avoir remis les images de vidéosurveillance du Ve arrondissement de Paris, captées ce jour-là. Ils sont poursuivis pour «divulgation d'images de vidéo-protection et violation du secret professionnel».
Le procès se déroulera à la Xe chambre correctionnelle du tribunal judiciaire et doit se poursuivre jusqu'au 1er octobre.
Pendant le «procès du siècle», mais avant la fin du quinquennat Macron
Opportunité médiatique pour les accusés et l'Elysée ou simple conséquence du temps judiciaire, proverbialement long ?
Le hasard du calendrier fait en tout cas que ce procès s'ouvre alors que celui des attentats de novembre 2015 occupe une grand part de l'attention médiatique, mais également plusieurs mois avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron, dont le quinquennat a été entaché par cette affaire aux rebondissements multiples. Le potentiel candidat à sa réélection ne s'est d'ailleurs pas encore déclaré comme tel.
Plusieurs personnalités publiques ont été éclaboussées par l'affaire de l'agent de sécurité devenu collaborateur privilégié de l'Elysée depuis 2018.
Parmi les responsables politiques et administratifs entendus par les parlementaires lors de la commission d'enquête du Sénat, présidée par le LR Philippe Bas en 2018, il est à relever que le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérard Collomb, a cédé son fauteuil de Clemenceau dès l'automne suivant à Christophe Castaner.
Fait notable également : le procureur de Paris Rémy Heitz a décidé de classer sans suite les procédures engagées contre trois collaborateurs du président de la République après leur audition au Sénat dans cette affaire : Patrick Strzoda (directeur de cabinet), Alexis Kohler (secrétaire général) et Lionel Lavergne (chef du groupe de sécurité présidentielle, GSPR à l'époque).
Ces trois figures centrales de l'affaire étaient soupçonnées d'avoir livré de faux témoignages devant la commission d'enquête de la chambre haute du Parlement. Par ailleurs, Lionel Lavergne a reçu des mains d'Emmanuel Macron la légion d'honneur dans la cour d'honneur des Invalides en juillet 2019.
Mis en examen en 2019, puis brièvement incarcéré, Alexandre Benalla s'est, pour sa part, lancé dans la sécurité privée avec l'entreprise de conseil Comya.
L'Elysée parviendra-t-il à tourner cette page peu glorieuse du quinquennat Macron ? Le procès permettra-t-il d'éclaircir les mystères en suspens ? Réponse à partir d'aujourd'hui au tribunal correctionnel.