France

Ciblé par Sandrine Rousseau, Gérald Darmanin propose de rendre public des échanges avec l'écologiste

Le ministre a assuré disposer de messages prouvant que la candidate écologiste l'avait démarché pour être nommée directrice de l'IRA de Lille. L'équipe de cette dernière juge que rendre public ces échanges constituerait «une violation» de la loi.

Gérald Darmanin n'a pas apprécié l'attaque de Sandrine Rousseau à son encontre le 5 septembre, et a proposé ce 8 septembre de dévoiler des échanges entre la candidate à la primaire EELV et lui, portant sur une possible nomination à la tête de l'Institut régional d'administration de Lille.

A l'occasion du débat entre les prétendants à l'investiture écologiste pour la présidentielle 2022, l'ancienne porte-parole d'EELV a pointé la nomination au gouvernement d'un ministre «accusé de viol», une «humiliation» pour «le mouvement de milliers de femmes», dont elle fait partie, «qui luttaient contre les violences sexistes», et qui l'a poussée à se porter candidate. Une référence à l'actuel ministre de l'Intérieur donc, qui, accusé depuis 2017 par une femme de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance, a été placé mi-décembre 2020 sous le statut de témoin assisté dans ce dossier. 

Gérald Darmanin a été interrogé à propos de la déclaration de Sandrine Rousseau ce 8 septembre sur France Inter, et sa réponse a été cinglante. «Madame Rousseau fait rire à ses dépens, je ne vais pas en rajouter», a-t-il commencé avant, justement, d'en rajouter : «Elle n'avait pas la même vision de ma personne lorsqu'elle est venue me demander d'être nommée directrice de l'IRA de Lille lorsque j'étais ministre de la fonction publique [de 2017 à 2020].»

«Si elle le souhaite, on peut publier les demandes de rendez-vous et de nomination. Elle était très vexée que je ne la choisisse pas et quand je vois ses déclarations publiques, j'ai eu bien raison de ne pas proposer sa nomination pour former des nouveaux fonctionnaires», a poursuivi Gérald Darmanin. «C'est ridicule et pour le reste, Madame Rousseau se caricature elle-même», a-t-il conclu, en référence aux multiples polémiques déclenchées par la candidate à la primaire écologiste ces dernières semaines.

«Une violation manifeste de la loi» selon l'entourage de Sandrine Rousseau

L'équipe de campagne de Sandrine Rousseau a répondu auprès du Huff Post que le ministre de l'Intérieur avait, selon elle, commis «une violation manifeste de la loi» en proposant de rendre public des échanges avec l'écologiste. «Alors que Gérald Darmanin, ministre accusé de viol, n'aurait jamais dû être ministre de l’Intérieur, il est inacceptable que le premier flic de France affirme publiquement être capable de violer la loi», a dénoncé l'entourage de la candidate, qui «demande officiellement sa démission du ministère de l'Intérieur».

Autre prétendant à l'investiture EELV, le maire de Grenoble Eric Piolle a défendu sa collègue écologiste, arguant que «la divulgation de correspondances privées par une personne dépositaire de l'autorité publique est passible de 3 ans de prison et 45 000 € d'amende». «Heureusement la loi nous protège de vos procédés honteux», a écrit sur Twitter le maire de Grenoble à l'attention de l'ancien édile de Tourcoing.

Ce n'est pas le premier affrontement médiatique entre Gérald Darmanin et Sandrine Rousseau. Cette dernière avait affirmé le 10 février sur France 5 que le ministre et Olivier Duhamel (président de la Fondation nationale des sciences politiques, démissionnaire en février 2021 à la suite d'une accusation d'abus sexuel sur mineur) lui avaient «barré la route» pour la présidence de Sciences Po Lille, en votant contre elle en conseil d'administration à cause de ses prises de position féministes.

De passage une semaine plus tard sur le même plateau de France 5, Gérald Darmanin avait estimé le 17 février que les propos de Sandrine Rousseau étaient «diffamatoires». «Madame Rousseau, elle a tendance à penser que quand elle ne réussit pas c'est à cause des autres», avait-il répondu à l'époque.