France

Ecarté à la suite d'un prêche sur la pudeur, un imam porte plainte contre Darmanin

Après avoir été écarté à la suite d'un prêche prononcé en juin dans une mosquée de Gennevilliers, un imam a porté plainte contre Gérald Darmanin pour abus d'autorité.

Un imam écarté à la suite d'un prêche délivré en juin dans une mosquée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) a porté plainte contre Gérald Darmanin le 12 août pour abus d'autorité, a annoncé son conseil auprès de l'AFP.

Dans cette plainte déposée auprès de la Cour de justice de la République (CJR) et que l'AFP a consultée, le religieux accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir abusé de son autorité et attenté à la liberté d'expression et de culte. Les magistrats de la CJR, chargée de juger les infractions commises par les membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions, devront décider de l'opportunité d'ouvrir une enquête.

Le 13 juin, Gérald Darmanin avait signalé à la préfecture des Hauts-de-Seine le prêche d'un imam de la mosquée de Gennevilliers au contenu qualifié de «très vindicatif, comportant notamment des propos contraires à l’égalité homme/femme». Le responsable religieux «aurait accusé les femmes de manquer de pudeur», selon cette note ministérielle.

Dans ce prêche, dont des extraits sont disponibles en ligne, l'imam évoque «des sœurs qui vont faire n'importe quoi [...] en étant des instruments de Sheitan [le Diable], en partageant sur leur page Instagram ou sur les différents réseaux sociaux des choses qui appellent à quelqu'un d'autre qu'Allah et son messager : "Regarde comment tu dois te maquiller, regarde comment tu peux montrer tes formes"».

«Si ces propos étaient avérés, vous demanderez [à la mosquée] de se séparer sans délai» de l'imam, a ordonné le ministre à la préfecture.

Le président de l'association Ennour, qui gère la mosquée, a dénoncé sur les réseaux sociaux des «pressions» des «pouvoirs publics» lors de sa convocation à la préfecture, et notamment la menace de fermeture du lieu de culte.

Selon l'entourage du ministre interrogé par l'AFP, «il est de la responsabilité de l'association cultuelle de se séparer de l’imam». «L'Etat a demandé à l’association cultuelle, devant les propos tenus, de le faire, ce qu'elle a accepté», a ajouté la source. Dans sa note, Gérald Darmanin avait par ailleurs demandé à la préfecture «d'utiliser également, dès la promulgation de la loi confortant le respect des principes de la République, les nouveaux moyens donnés par ce texte pour faire suspendre l'activité du lieu de culte en cas de récidive». Le Conseil constitutionnel a justement validé l'essentiel du texte ce 13 août.

L'imam, qui estime que «la pudeur fait partie de la foi», s'est défendu de tout sexisme dans une vidéo publiée sur Facebook via l'ONG Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE). Dans l'extrait du prêche que l'AFP a visionné, le quadragénaire recommande également aux hommes de ne plus porter de «pantalon où on voit toute la cuisse».

«Si [ce propos] avait été susceptible d'être qualifié pénalement, on aurait eu des poursuites judiciaires. Or, cela n'a pas été fait», a argué le conseil de l'imam, Sefen Guez Guez, dans la vidéo du CCIE. Ouadie Elhamamouchi, qui défend également l'imam, a dénoncé le «deux poids, deux mesures de Darmanin [qui] débat tranquillement avec [le polémiste Eric] Zemmour».