France

Mobilisation anti-pass sanitaire : un mouvement qui s'installe ?

Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU de Grenoble, et Fabrice Grimal, candidat à la présidentielle 2022, débattent des manifestations anti-pass sanitaire du 31 juillet. Le premier les juge «ubuesques», le second pointe la «nocivité» de l'exécutif.

Les multiples manifestations en France contre l'extension du pass sanitaire et/ou la vaccination ont atteint un niveau record le 31 juillet, avec plus de 200 000 participants comptabilisés par la police dans 150 villes. Sur RT France, Jean-Paul Stahl, infectiologue au CHU Grenoble-Alpes, et Fabrice Grimal, candidat citoyen à l'élection présidentielle, sont revenus le jour même sur ce mouvement et son ampleur, débattant notamment de sa pertinence sur le plan médical.

Le pass sanitaire, une «atteinte gravissime aux libertés» pour Fabrice Grimal 

Pour Jean-Paul Stahl, ces manifestations sont «ubuesques», et «les hommes et femmes politiques qui sont en soutien sont totalement irresponsables». 

«L'objectif n'est pas d'embêter la population française, c'est de mettre fin à une épidémie pour que tout le monde puisse retrouver une vie normale», a argumenté l'infectiologue grenoblois, selon qui «médicalement, l'affaire est extrêmement simple en termes de mesures à prendre». «Est-ce qu'on veut un demi-million de morts comme au Brésil ? Si on ne veut pas ça, il y a obligatoirement des mesures de restrictions. C'est quelque chose que la médecine connaît depuis l'Antiquité : l'isolement des patients contagieux», a ainsi développé le scientifique.

Soutenant les appels à manifester du leader des Patriotes Florian Philippot, chef de file du mouvement, Fabrice Grimal estime au contraire que la mise en place du pass sanitaire constitue une «atteinte gravissime aux libertés dans ce pays».

«Le but du gouvernement est de diviser la population pour des raisons électoralistes. Emmanuel Macron cimente sa base. [..] Le nombre de volte-face de l'exécutif montre quand même soit de l'impréparation, soit de l'incompétence, en tout cas beaucoup de nocivité. C'est dans cet état de confiance rompue entre un gouvernement et son peuple que l'on demande aux gens d'accepter le pass sanitaire, qui n'a de sanitaire que le nom», a-t-il par ailleurs avancé.

«Si on veut en terminer avec cette crise, ça passe obligatoirement par la vaccination»

Jean-Paul Stahl a préféré argumenter sur le registre médical : «Que certains profitent de l'inquiétude ou de possibilités de manipulations politiques, ça les regarde. Mais je trouve cela criminel, car derrière il y a des morts.» L'infectiologue avance également «un problème de responsabilité collective». «Quand on appelle à se mobiliser contre ce type de raisonnement médical, on n'est pas responsable.»

Le professionnel de santé a ainsi poursuivi : «Si on veut en terminer avec cette crise, ça passe obligatoirement par la vaccination. D'autant plus qu'en circulant, le virus mute. J'étais dans mon service ce matin : 98% des personnes hospitalisées sont non vaccinées», a-t-il illustré.

Fabrice Grimal a souhaité apporter une contradiction sur ce point : «M. Stahl parle du Covid comme si c'était une maladie connue depuis 50 ans, avec un vaccin validé comme pour la polio ou le tétanos. Ce n'est pas du tout le cas. L'efficacité du vaccin reste à prouver, surtout vis-à-vis des variants. [...] A large échelle, ce vaccin pose des questions.»

Réponse du scientifique du CHU de Grenoble : «Les vaccins à ARN messager ont une efficacité de 95%. Ce n'est pas 100%, c'est vrai, et cela descend à 88% contre le variant Delta. On reste dans une performance vaccinale extrêmement élevée. Que des personnes vaccinées puissent succomber au Covid, c'est vrai dans le cas d'une immunodépression importante : le système immunitaire répond alors très mal à la vaccination, comme à n'importe quelle stimulation immunitaire», a-t-il souligné.

Les manifestations contre le pass sanitaire du 31 juillet ont donné lieu à 72 interpellations dans toute la France, selon le dernier bilan du ministère de l'Intérieur. La loi qui organise l'extension du pass sanitaire doit entrer en application le 9 août, mais avant, le 5 août, le Conseil constitutionnel doit encore statuer en urgence sur la constitutionnalité du texte.