Environ 400 sans-abri ont installé ce 29 juillet des tentes place des Vosges, à Paris dans le IVe arrondissement, au cœur du quartier du Marais.
Ces sans-abri sont accompagnés par le «Collectif réquisitions», qui regroupe plusieurs associations, dont Utopia, solidarité migrants Wilson et Droit au logement (DAL).
En quelques minutes seulement, 300 tentes ont été installées à 13h sur les pelouses, réparties en trois espaces – «familles», «hommes seuls» et «mineurs» –, comme l'a constaté notre reporter sur place.
Dans ce coin de Paris, touristes et badauds cohabitaient donc avec les centaines de tentes bleues, rouges et jaunes.
«Nous avons choisi ensemble la place des Vosges [car] c'est un lieu touristique», explique pour RT France Philippe Caro, de Solidarité migrants Wilson.
«Ces opérations c’est pour rendre visibles les invisibles, on montre ce qui ne se voit pas d'habitude», argumente-t-il, ajoutant que l'opération sert également «à reloger et mettre à l'abri les gens».
Il soutient que tant que l'Etat ne règlera pas cette situation, les tentes resteront sur place. «On est obligés malheureusement d'en passer par là pour que la politique avance», ajoute le militant, qui appelle à ce que ces personnes soient logées de manière «digne et dans de bonnes conditions».
«La France est une terre d’accueil, on doit accueillir les réfugiés dignement [mais] malheureusement ce n’est pas le cas et on est obligés aujourd’hui [...] de passer par ces actions-là», confirme le président d’Enfants d'Afghanistan et d'ailleurs, Reza Jafari, également contacté par nos soins. Il déplore que ce type de mobilisation dans des endroits «symboliques» soit le seul moyen de pousser le gouvernement à agir. Selon Reza Jafari, lorsque les associations contactent et «alertent» directement les services de l'Etat, «rien ne se passe».
Une femme sans-papier a raconté sa situation au micro de RT France : «Je suis de Côte d’Ivoire, je suis en France depuis 2008 et mon mari est décédé en 2016. Malheureusement l’appartement ne porte pas mon nom et on m’a dit de quitter l’appartement. Je me suis retrouvée à la rue.»
Sur Twitter, Utopia 56, qui recense 90 mineurs présents à cette manifestation, estime qu'«en laissant ces jeunes à la rue, la France bafoue quotidiennement les droits de l’enfant».
Dans un communiqué, le DAL explique qu'il s'agit de la neuvième action du «Collectif réquisitions». En mai, cette organisation connue pour ses actions coup de poing et des sans-abri avaient occupé un gymnase appartenant à la mairie de Paris. Fin janvier, c'était une ancienne école maternelle du XVIe arrondissement, puis mi-février l'Hôtel-Dieu.
Le Collectif a «permis à près de 3 000 personnes de ne plus vivre dans la rue ou un abri de fortune. L'installation dans l’espace public de plusieurs centaines de sans-abri a été le seul moyen de faire respecter leur droit à être hébergés jusqu’à leur relogement», assure le DAL.