France

EDF : le projet Hercule de réforme du groupe repoussé après l'élection présidentielle

Le projet de réforme d'EDF n'aboutira pas avant la fin du quinquennat l'an prochain. Un report mis sur le compte de désaccords avec la Commission européenne dans ce dossier qui suscitait de fortes oppositions politiques et syndicales en France.

La réorganisation d'EDF a été remise à plus tard du fait de désaccords avec la Commission européenne. «A ce stade, les discussions n'ont pas abouti [avec Bruxelles et] il n'est pas envisageable d'avoir un projet de loi au Parlement dans l'immédiat», a expliqué une source gouvernementale à l'AFP le 28 juillet. Selon celle-ci, le projet ne pourra donc pas aboutir à temps, avant le début de la prochaine campagne en vue de l'élection d'avril 2022. «Nous regrettons que cette réforme qui est indispensable pour EDF ne puisse se conclure maintenant», a réagi le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

Du côté de Bruxelles, le son de cloche est sensiblement différent. Selon une source proche du dossier à Bruxelles, c'est Paris qui a décidé de la pause. «C'est un choix politique de la France de faire passer la réforme après l'élection présidentielle», déclare cette source auprès de l'AFP.

Le projet complexe de réorganisation, baptisé «Hercule» puis «Grand EDF», qui est combattu par les syndicats de l'électricien et un large spectre de l'opposition (La France insoumise, Parti communiste, Parti socialiste ou Les Républicains), pourrait ainsi patienter jusqu'à un éventuel deuxième mandat d'Emmanuel Macron.

Le syndicat Force ouvrière s'est félicité que le projet «soit à tout le moins reporté», sous réserve de confirmation, selon un tweet de son secrétaire général Yves Veyrier. «Notre PDG a bien l'intention de faire quelque chose», dit à l'AFP Maud Mathieu, déléguée syndicale centrale CGT d'EDF.

Interrogée par l'AFP, la Commission européenne a affirmé qu’il s'agissait d'une «discussion en cours» avec les autorités françaises, et n’a pas souhaité commenter. Début juillet, syndicats unis et parlementaires avaient redit leur opposition à la «désintégration» d'EDF. Aux yeux de l'exécutif, l'idée était de permettre à EDF, lourdement endettée, de pouvoir investir dans les renouvelables.

Le gouvernement estime qu'une réforme reste nécessaire

Un accord avec Bruxelles, gardien de la concurrence en Europe, était toutefois nécessaire. Un accord global avec la Commission aurait en outre permis de régler un vieux différend sur les barrages hydroélectriques. Mais Paris et Bruxelles s'opposaient notamment sur le degré de séparation entre les trois différentes entités d'EDF qui auraient été créées avec la réforme. La France souhaitait que son champion reste «intégré» tandis que les services de la concurrence à la Commission souhaitaient une séparation plus étanche. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a qualifié l'unité d'EDF de «ligne rouge absolue du gouvernement français».

Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a récemment évoqué des discussions «difficiles» entre Paris et Bruxelles. «Il y a eu des progrès mais il n'y a pas d'accord global», estime-t-on au sein du gouvernement, qui n'a pas souhaité une réforme «tronquée» ou «précipitée».

«On est toujours convaincu de la nécessité de faire cette réforme», ajoute-t-on encore du côté de l'exécutif. EDF, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. Le groupe, détenu majoritairement par l'Etat français, doit publier ses résultats financiers le 29 juillet.