France

Marine Le Pen pose un lapin à Des Paroles et des Actes qui annule l’émission

Trois heures avant le début de l'émission Des Paroles et des Actes diffusée sur France 2 à laquelle elle était invitée, la présidente du Front national a annulé sa participation contraignant la chaîne de la télévision publique à annuler le programme.

Tout ça pour ça ! Alors qu’une polémique enfle depuis quelques jours sur sa participation à l'émission politique phare du service publique, Marine Le Pen restera finalement chez elle.

«Je ne me rendrai pas ce soir à cette mascarade qu'est devenue depuis quelques heures l'émission de David Pujadas, Des Paroles et des Actes (DPDA). L'amateurisme et la servilité de M. Pujadas [le présentateur] ont transformé aujourd'hui l'organisation de cette émission en véritable pantalonnade», a-t-elle expliqué.

Une journée à rebondissements

Ira, ira pas ? La question était sur toutes les lèvres aujourd’hui. Depuis que Nicolas Sarakozy et Jean-Christophe Cambadélis ont critiqué France 2 mercredi, un véritable flou artistique régnait autour de la participation de la présidente du FN à cette émission. Les ténors des Républicains et du PS fustigeaient la nouvelle sollicitation adressée à Marine Le Pen par France 2.

Elle est la personnalité politique la plus invitée depuis la création de l’émission (5 sur 36 en comptant celle qui était prévue ce soir). Le parti frontiste avait alors répliqué qu’il n’a bénéficié que de 12% du temps de parole de DPDA ces trois dernières années.

Stéphane le Foll, porte-parole du gouvernement, et Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, devaient être les principaux contradicteurs de Marine Le Pen. Cette dernière souhaitait avoir à faire à ses adversaires aux régionales plutôt qu’à des opposants qui auraient porté le débat au niveau national.

France 2 avait réussi, dans la nuit de mercredi à jeudi, à convaincre Pierre de Saintignon du Parti socialiste et Xavier Bertrand pour Les Républicains de se joindre à la joute verbale. A noter que la formation politique dirigée par Nicolas Sarkozy réclamait une heure de débat.

Mais les autres adversaires de Marine Le Pen étaient bien décidés à se faire entendre. Ainsi Sandrine Rousseau, tête de liste régionale EELV-Parti de gauche, et le candidat de Debout la France, Jean-Philippe Tanguy, souhaitaient obtenir leurs sièges dans le débat.

Un bon coup politique ?

La fille de Jean-Marie Le Pen a dénoncé une situation ubuesque. Sur Twitter, elle s’est demandé si les membres de la chaîne du service publique ne la prenaient pas pour «leur chien» en lui imposant «six débats de suite».

L’opposition a sauté sur l’occasion pour partir à l’assaut, à l’image de Gérald Darmanin, qui gère la campagne de Xavier Bertrand : «Mme Le Pen annule le débat ce soir à DPDA. De peur de parler de la région ! Décidément beaucoup de paroles et pas d'acte».

Paradoxalement, la présidente du Front national a peut-être réussi un beau coup politique. Elle, qui ne cesse de dénoncer le «RPS», en d’autres termes la collusion entre Parti socialiste et Républicains, s’est vue attaquée par une conjonction de ces deux forces politiques.

Louis Alliot, son compagnon, a pris sa défense sur le réseaux social en «gazouillant» : «Très bonne décision de Marine qui refuse de participer à une émission du service public payée par nos impôts et totalement à charge».

Reste à savoir si cette affaire confortera Marine Le Pen, grandissime favorite des sondages, dans sa campagne pour la région du Nord.