France

Les prescriptions médicamenteuses sont trop élevées chez les enfants français, selon une étude

D'après une étude de l'Inserm, les enfants français se verraient prescrire trop de médicaments alors qu'ils sont jugés «vulnérables aux effets indésirables à court et à long termes». L'institut appelle à optimiser les prescriptions en pédiatrie.

Selon une étude coréalisée par l'Inserm et publiée dans la revue The Lancet Regional Health Europe, les enfants français se verraient prescrire trop de médicaments, rapporte l'AFP.

«La France est un des pays les plus prescripteurs de médicaments en pédiatrie ambulatoire», même s'il faut être prudent dans ces comparaisons car «les systèmes de santé et les politiques de remboursement des médicaments diffèrent entre les pays», souligne l'institut dans un communiqué publié le 12 juillet.

Pourtant, «les enfants les plus jeunes sont particulièrement vulnérables aux effets indésirables à court et à long termes des médicaments», souligne l'Inserm, ajoutant que «le profil de sécurité de nombreux médicaments utilisés en pédiatrie n'est que partiellement connu».

«Ces résultats préoccupants nécessitent des analyses détaillées pour mieux cibler les futures campagnes de formation [afin] d'optimiser l'usage des médicaments en pédiatrie», estime le docteur Marion Taine, co-auteur de l'étude. Pour elle, «une meilleure information de la population et des prescripteurs vis-à-vis de l'usage des médicaments chez l'enfant est indispensable».

Cette étude réalisée par des chercheurs de l'Inserm, l'Université de Paris, l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, l'Université Paris-Saclay, l'AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) et le groupement d'intérêt scientifique Epi-Phare, étudie des prescriptions réalisées en 2018-2019 au regard de celles de 2010-2011 sur la base des données fournies par la Sécurité sociale.

Les enfants de moins de six ans particulièrement exposés

Sur cette période, «en moyenne, 86 enfants de moins de 18 ans sur 100 ont été exposés à au moins une prescription médicamenteuse au cours d'une année», soit «une augmentation de 4% par rapport à 2010-2011», selon l'Inserm.

«Les enfants de moins de six ans représentaient la catégorie des enfants la plus exposée aux médicaments avec plus de 97 enfants sur 100 concernés sur une année», poursuit l'Inserm. En outre, «un enfant de moins de six ans sur trois a reçu une prescription de corticoïdes oraux», un niveau stable depuis 2010-2011 «malgré les effets indésirables connus».

Les familles de médicaments les plus prescrites sont les analgésiques (64% des mineurs en ont eu), les antibiotiques (40%), les corticoïdes par voie nasale (33%), la vitamine D (30%), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (24%), les antihistaminiques (25%) et les corticoïdes par voie orale (21%).

Conformément aux recommandations officielles, l'étude note «une diminution de 12% de la fréquence de prescriptions d'antibiotiques sur les dix dernières années» mais cela reste «insuffisant car plus d'un enfant de moins de six ans sur deux a reçu une prescription d'antibiotique dans l'année», selon Marion Taine.

Les chercheurs estiment que «ces niveaux élevés de prescriptions pourraient s'expliquer notamment par l'image positive qui est associée aux médicaments en France, tant dans la population que parmi les prescripteurs». Dans les autres pays à économie avancée, «il existerait un rapport plus conscient de la balance bénéfice-risque des médicaments», jugent-ils.

Ainsi, «les fréquences de prescriptions de corticoïdes par voie orale pour les enfants français étaient (respectivement) cinq et 20 fois plus élevées que celles observées pour des enfants américains et norvégiens dans d'autres études récentes». Et «pour les antibiotiques, la fréquence de prescriptions aux enfants français était cinq fois supérieure à celle observée aux Pays-Bas».