France

La Comité d'éthique «regrette» la rapidité de la prise de décision sur la vaccination des ados

Après l'annonce gouvernementale ouvrant la vaccination aux adolescents, le CCNE a déploré le 9 juin la rapidité de la décision qui pose de nombreux problèmes éthiques. Cette mesure risquerait selon le CCNE de stigmatiser les jeunes de 12 à 18 ans.

Le Comité national d'éthique (CCNE) a regretté le 9 juin «que les décisions» concernant la vaccination des adolescents contre le Covid-19 «aient été prises si rapidement», dans un contexte de décrue de l'épidémie.

«Y a-t-il une urgence absolue à commencer la vaccination dès maintenant, alors que plusieurs indicateurs sont au vert et que la rentrée scolaire de septembre pourrait signer le début de la campagne ?», s'interroge l'organe consultatif dans le communiqué de presse accompagnant son avis sur la question. Le gouvernement  a annoncé le 2 juin que les jeunes de 12 à 18 ans pourraient se faire vacciner à partir du 15 juin

Dans son avis, le CCNE estime que si le bénéfice individuel tiré de la vaccination est «limité pour la santé physique» (les formes graves de l'infection étant très rares chez les moins de 18 ans), «les conséquences de la pandémie sur la santé psychologique et mentale des enfants, et surtout des adolescents, sont profondes et probablement durables».

Il ajoute qu'il est «peu probable» que l'objectif de l'immunité collective, qui nécessite de vacciner 80% à 85% de la population, «puisse être atteint grâce à la seule vaccination des adultes».

Vacciner les adolescents pour compenser les réticences des adultes ?

Mais «est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de la vaccination (ou de la difficulté d'y accéder) d'une partie de la population adulte ?», s'interroge-t-il.

Le comité pose aussi la question du «risque de stigmatisation pour les adolescents qui ne souhaiteraient pas y avoir recours», et de celui de «briser leur confiance si le retour à la vie normale» promis en échange de la vaccination «était compromis par l'arrivée de nouveaux variants» du coronavirus.

Il recommande également «un suivi de pharmacovigilance spécifique» des effets secondaires, au vu du faible recul sur la «sécurité de ces nouveaux vaccins chez l'adolescent».

Quant à la question du consentement au vaccin, si celui des parents est nécessaire, «le code de la santé publique insiste sur l'obligation de prendre en compte également le consentement de la personne mineure», rappelle le CCNE.

Dans son avis rendu le 3 juin, la Haute autorité de santé (HAS) met elle aussi en avant l'enjeu de l'immunité collective et le bénéfice individuel «indirect» des adolescents à se faire vacciner, préconisant toutefois que la vaccination des adultes soit «suffisamment avancée» avant de la généraliser aux plus jeunes.

Seul le vaccin de Pfizer/BioNtech peut pour le moment être utilisé chez les adolescents. Autorisé dans l'Union européenne à partir de 16 ans, il a vu cette autorisation étendue aux 12-15 ans par l'Agence européenne des médicaments le 28 mai.

Le régulateur européen a également commencé le 8 juin à examiner la demande d'autorisation chez les 12-17 ans du vaccin Covid de la biotech américaine Moderna, pour l'instant réservé aux plus de 18 ans.