La maire de Paris réclame l’ouverture de nouveaux lieux d’accueil des toxicomanes depuis plusieurs semaines. Elle avait notamment abordé ce sujet lors d’une réunion le 6 juillet avec le Premier Ministre, Jean Castex.
«Dès cet été, je prendrais ma part en ouvrant un premier lieu de prise en charge spécialisé du crack à Paris comme j'en ai informé le Premier ministre», a affirmé Anne Hidalgo au Conseil de Paris, appelant le gouvernement «à soutenir» les élus parisiens «dans le déploiement de cette solution». Ces lieux comprendraient un accueil, des soins, des hébergements mais aussi des salles de consommation à moindre risque (SCMR) plus connues sous la dénomination de «salles de shoot». Une expression rejetée par ailleurs par Anne Hidalgo selon l’AFP.
«Nous sommes prêts à en ouvrir plusieurs, disséminées sur l'ensemble du territoire parisien et, en lien avec l'Etat, au sein du Grand Paris», a lancé Anne Hidalgo qui avait ouvert une première SCMR à Paris en 2016. Sa majorité a «identifié quelques sites susceptibles d'être adaptés dans différents arrondissements, dont certains fonctionnent déjà comme centres d'accueil et d'accompagnement ou comme espaces de repos».
Cependant, «de tels dispositifs intégrés ne sont pas prévus en l’état actuel de la règlementation française», comme le rappelle l’AFP, ce qui n’est pas sans poser quelques difficultés pour la Mairie de Paris. Olivier Véran, ministre de la Santé, a cependant salué le bilan «positif» des deux SCMR situés à Paris et Strasbourg. Leur cadre dérogatoire prendra fin en 2022.
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est, à l'inverse de son collègue, hostile à ce type de structure, comme l’a souligné le préfet de police de Paris, Didier Lallement, également présent à la réunion du 6 juillet. «Si l'arbitrage du Premier ministre était différent, je le mettrai en œuvre comme toute chose», a ajouté le préfet de police, qui a précisé être personnellement opposé aux SCMR.
Rachida Dati propose une hospitalisation obligatoire pour les toxicomanes
L’enjeu pour Anne Hidalgo est aussi de trouver un moyen de résoudre les problèmes de consommation de drogues dans la capitale, comme ce fut le cas aux Jardins d’Eole où elle avait accepté un regroupement temporaire des toxicomanes au mois de mai, en accord avec la préfecture de police. Depuis lors, les consommateurs restent présents à l’entrée du parc, malgré la récente interdiction qui leur a été faite d’y accéder. Des tirs de mortiers avaient pour but de les en déloger le 2 juillet. Des tirs avaient déjà été effectués le 26 juin.
Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement, s’est elle aussi dite opposée aux «salles de shoot» d’après l’AFP. Elle-même confrontée à des violences, elle estime que « les salles de shoot ne sont pas une solution et ne le seront jamais car elles incitent à la consommation». L’ancienne Garde des Sceaux a préconisé l’hospitalisation obligatoire des consommateurs de crack. Une proposition récriée par Anne Souyris, adjointe à la santé de la ville de Paris, qui l’a qualifié «d’une inhumanité totale», ajoutant qu’«en plus, ça n’a jamais fonctionné». Elle s’est à l’inverse félicité que «le reste de cet hémicycle arrive à un consensus" autour du fait que "l'accueil supervisé permet cette entrée dans le soin».