France

L'Elysée et la ville natale d'un général d'Empire embarrassés par le rapatriement de sa dépouille ?

Les honneurs qui pourraient accompagner le rapatriement en France de la dépouille du général napoléonien Gudin, exhumé en 2019 en Russie, se heurteraient pour l'heure aux réticences de l'Elysée et de sa ville natale, Montargis.

Selon les informations du Parisien publiées le 1er juillet, le rapatriement imminent de Russie de la dépouille du général Charles Etienne Gudin – né en 1768 à Montargis dans le Loiret et mort le 22 août 1812 à Smolensk, pendant la campagne napoléonienne de Russie – se heurterait pour l'heure à un accueil glacial en France.

Selon le journal, alors que certains plaident pour l'organisation d'une cérémonie nationale officielle, le président Emmanuel Macron refuserait en effet de financer l’opération, craignant notamment de devoir s’afficher avec un proche du parti de Marine Le Pen.

Nous, on n’en veut pas et on n’a pas les moyens de lui construire un mausolée

Et pour cause : depuis l'exhumation de la dépouille par une équipe franco-russe près de Smolensk, son rapatriement en France a impliqué Pierre Malinowski, décrit par le quotidien francilien comme «un ancien assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen, proche de Vladimir Poutine». Selon des sources élyséennes citées fin 2019 par Le Point, le chef d'Etat français aurait pourtant initialement envisagé une cérémonie aux Invalides en présence de Vladimir Poutine. De son côté, la ville natale du général ne se montrerait guère plus enthousiaste à l'idée d'honorer la mémoire de Charles Etienne Gudin. «Nous, on n’en veut pas et on n’a pas les moyens de lui construire un mausolée», a ainsi déclaré au quotidien francilien le maire Les Républicains de Montargis.

«Pour l’instant, aucun hommage au général Gudin n’est prévu, ni aux Invalides, ni sous l’Arc de Triomphe, ni à Montargis. Il reste des caveaux de famille, à Saint-Maurice-sur-Aveyron et Montbouy, deux petites communes du Montargois. La première a reçu une demande d’inhumation, sans plus de précision pour l’instant», précise encore Le Parisien.

«Lamentable», fustige Marion Maréchal

La situation est à l'origine d'une vague d'indignation dans certains cercles politiques et culturels.

«Bienvenue en France, pays dont le gouvernement fait tout pour empêcher le rapatriement de la dépouille retrouvée d’un grand général d’Empire, refuse de l’enterrer avec les honneurs et où le maire (LR) rejette même son inhumation dans sa ville d’origine… lamentable», a ainsi commenté l'ancienne députée RN du Vaucluse Marion Maréchal, aujourd'hui directrice de l'ISSEP (Institut de sciences sociales, économiques et politiques).

«Dans un pays normal, une grande cérémonie aurait été organisée ! L'épopée napoléonienne est inaccessible aux médiocres qui nous gouvernent», a également déploré Gilles Pennelle, haut responsable du Rassemblement national en Bretagne.

Des maires ont par ailleurs proposé leur contribution. «Bry-sur-Marne peut accueillir dans son cimetière communal la dépouille du général d’Empire ! Merci de le faire savoir, pour l’honneur du général et de la France !», a en effet écrit l'édile de Bry-sur-Marne, Charles Aslangul, tandis que, tout aussi désolé de la situation, son homologue de la petite commune de Saint-Sériès, Pierre Griselin, a de son côté dénoncé une «déconstruction de l'histoire».

«Enterrer ses morts c'est ce qui signale l'humain. Macron refuse d'honorer la dépouille retrouvée du général d'Empire Gudin et le maire LR de sa ville natale de l'enterrer. Pas besoin de réfléchir beaucoup pour savoir qu'une telle "élite" est proche de disparaître», a encore tonné l'historien Edouard Husson.