France

Le Russe Alexandre Vinnik relaxé en appel pour des cyberattaques, condamné à 5 ans pour blanchiment

Jugé en appel en France pour blanchiment d’extorsions via des crypto-monnaie, l’informaticien russe Alexandre Vinnik a été condamné par la cour d'appel de Paris à cinq ans de prison pour blanchiment mais relaxé d'accusations de cyberattaques.

Réclamé par les Etats-Unis qui le soupçonnent d'avoir blanchi des milliards de dollars via la plateforme BTC-e et la Russie qui lui reproche plusieurs délits, l'informaticien russe Alexandre Vinnik a été relaxé ce 24 juin en appel pour des cyberattaques au bitcoin mais condamné à cinq ans de prison pour le blanchiment des fonds extorqués. La cour confirmant le jugement prononcé en première instance.

En décembre 2020, le tribunal correctionnel avait surpris en relaxant de 13 des 14 infractions pour lesquelles il était jugé. Le parquet – qui avait fait appel – avait requis 10 ans de prison à l'encontre de ce «pionnier» des cyberattaques, «chef d'orchestre» du rançongiciel Locky.

En appel cependant, l'avocat général avait lui-même requis la confirmation du jugement prononcé en première instance, estimant qu'il n'y avait pas de «preuve» de la responsabilité d'Alexandre Vinnik dans la mise en place du rançongiciel.

«Aucun élément ne permet de retenir» sa responsabilité, «ni dans la conception, ni dans la diffusion» du rançongiciel, ni dans les demandes de rançons, a estimé la cour dans sa décision.

Alexandre Vinnik formera un pourvoi en cassation

Ce logiciel malveillant cryptait les données des systèmes informatiques, les rendant inaccessibles à moins de payer une rançon en cryptomonnaie pour obtenir une clé de déchiffrement. Entre 2016 et 2018, il a fait environ 5 700 victimes dans le monde (200 en France) et aurait occasionné un préjudice estimé en 2018 à près de 135 millions d'euros.

Alexandre Vinnik a toujours soutenu qu'il n'avait «rien à voir» avec le rançongiciel et s'était décrit comme «simple opérateur freelance» pour la plateforme BTC-e, haut lieu de blanchiment d'argent sur laquelle les rançons étaient payées.

La décision de la cour «est une déception», a reconnu l'avocat d'Alexandre Vinnik, Frédéric Bélot, annonçant un pourvoi en cassation. 

Arrêté sur la base d'un mandat d'arrêt américain sur une plage pendant des vacances en famille en Grèce en 2017, il s'était retrouvé au cœur d'un bras de fer diplomatique entre la France, les Etats-Unis et la Russie. La Grèce l'avait finalement remis à la France, mais il reste réclamé par les Etats-Unis qui ont prononcé 21 chefs d'inculpation à son encontre et espèrent le récupérer une fois la procédure française terminée.

Alexandre Vinnik, lui, préférerait être extradé vers la Russie où il est aussi réclamé pour une escroquerie.