En travaux depuis 2016, la Samaritaine ouvre officiellement ses portes au public ce 23 juin. Deux jours plus tôt, s'est déroulée une cérémonie d'inauguration présidée par Bernard Arnault, qui s'est payé le luxe d'une visite du couple Macron. Le chef de l'Etat a été accueilli par les chaleureux applaudissements de centaines de salariés présents sur place, selon Le Figaro.
Pour rappel, ce grand magasin du 1er arrondissement de la capitale avait fermé boutique en 2005, soit quatre ans après son rachat par le groupe LVMH en 2001. Vingt ans plus tard, en cet été 2021, le président de la République s'est pour sa part félicité d'«un retour à la vie, dans ce temple du shopping et de l'art de vivre à la française».
«Malgré les masques que chacun porte encore ici, je vois les sourires, je vois l'enthousiasme. Le moment est venu de repartir, de réattirer ici du monde, de retrouver la vie sous toutes ses composantes», a notamment déclaré Emmanuel Macron, cité par Le Figaro, devant un auditoire visiblement acquis.
Vous trouvez écœurant que le président de la République fasse représentant de commerce de LVMH ? Alors n’oubliez pas que Bernard Arnault est aussi patron de deux groupes de presse et a des actions dans deux autres
Cependant, l'épisode n'a pas manqué de susciter une vague de réactions sur les réseaux sociaux, tout particulièrement du côté des insoumis. Le député de la Somme François Ruffin, qui avait consacré une partie de son film Merci Patron ! (sorti en 2016) à la fermeture de la Samaritaine en recueillant les témoignages d'ex-salariés de l'établissement, s'est ainsi permis un commentaire cinglant : «Bernard Arnault a viré tous les salariés, a transformé une épicerie grand public en un truc de luxe, et Macron vient faire la com.»
«Vous trouvez écœurant que le président de la République fasse représentant de commerce de LVMH ? Alors n’oubliez pas que Bernard Arnault est aussi patron de deux groupes de presse et a des actions dans deux autres. Maintenant vous pouvez être vraiment écœuré», a pour sa part écrit le responsable de la communication de la France insoumise, Antoine Léaument.
«Eloge du luxe par le président Macron, sous les applaudissements du grand groupe LVMH. Ou comment diriger un pays qui traverse un immense carnage social en restant dans sa bulle», a encore renchéri la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain.
Emmanuel Macron et les fantômes du passé
En tout état de cause, la critique visant à dénoncer la proximité historique entre certains piliers du capitalisme français et Emmanuel Macron ne date pas d'hier, certains de ses détracteurs l'accusant régulièrement d'être un représentant du CAC 40. Dans les faits, le parcours professionnel de l'actuel locataire de l'Elysée l'a amené à côtoyer les hautes sphères de la finance avec des responsabilités significatives dans certains établissements. En 2010, Emmanuel Macron devenait par exemple associé-gérant de la banque Rothschild, spécialisée dans les fusions-acquisitions entre grands groupes comme LVMH et qui a par ailleurs largement bénéficié de la très controversée vente d'Alstom Energie à General Electric en 2015. Le sujet reste cependant très sensible aux yeux du chef de l'Etat qui s'est, à plusieurs reprises – notamment lors du grand débat précédent l'élection présidentielle de 2017, face à Nicolas Dupont-Aignan –, défendu de tout conflit d'intérêts entre les opérations réalisées par l'établissement financier et ses propres responsabilités politiques.
L'année suivante, à l'occasion du premier anniversaire de son mandat, Emmanuel Macron avait encore vivement réagi à une incise du journaliste Jean-Jacques Bourdin qui avait évoqué les pratiques fiscales de son «ami» Bernard Arnault. «De là où je suis, je n'ai pas d'ami, les insinuations dans la vie, c'est pas une bonne chose !», avait alors rétorqué le chef de l'Etat.