Un article du média officiel du Vatican affirme le 19 juin qu'un «décret de la Congrégation pour la cause des saints» reconnaît «l’héroïcité des vertus» de Robert Schuman, devenant «vénérable» de l'Eglise catholique.
Un communiqué du Vatican transmis à l'AFP précise que «le Saint-Père a reçu en audience [...] le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la cause des saints [...] et a autorisé la Congrégation à promulguer les décrets concernant [...] les vertus héroïques du serf de Dieu Robert Schuman». Celui-ci – qui est considéré comme l'un des pères fondateurs de la construction européenne – est donc sur la voie de la béatification.
Interrogé par Vatican News, le président du Comité pontifical des sciences historiques et «postulateur de la cause de béatification de Robert Schuman», Bernard Ardura, estime que Robert Schuman «a été avant tout un grand serviteur du bien commun, un serviteur de la société, un serviteur de la paix et de la réconciliation, en particulier avec l’Allemagne au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale». Vatican News ajoute que le pape François avait déjà l'an passé salué ce personnage historique, soulignant «l’esprit constructif de ce père de l’Europe, dont l’action et les propos ont inspiré le processus d’intégration européenne, en permettant la réconciliation des peuples du continent».
Le Plan Schuman de 1950, prononcé au cours d'une déclaration de l'homme d'Etat en mai de la même année, a en effet été un texte pionnier de la construction européenne, proposant la fondation d'une structure européenne afin de mettre en commun les productions française et allemande de charbon et d'acier.
Il n'en demeure pas moins que l'ancien ministre des Affaires étrangères sous la IVe République, promoteur du fédéralisme européen, a eu une carrière controversée, notamment au cours de la Seconde Guerre mondiale. Membre du premier gouvernement du maréchal Pétain en 1940, il vote les pleins pouvoirs à celui-ci. Il refuse finalement d'entrer au gouvernement du maréchal, et est incarcéré par les Allemands avant de s'évader et de rejoindre la zone libre en 1942.
«Frappé d'indignité nationale» après la guerre en raison de son vote, il est réhabilité. Certains politiques comme Philippe de Villiers ou l'UPR ont accusé Robert Schuman de soumission aux intérêts américains.