France

Public évacué pour le couvre-feu : à Roland-Garros, la victoire d'Amazon Prime sur les spectateurs ?

Rencontres du soir jouées sans public, public évacué en plein match... Cette édition de Roland-Garros se distingue par le contexte sanitaire dans laquelle elle se déroule. Et l'organisation n'est pas du goût de tous les joueurs et du public.

Scène pour le moins inhabituelle ce 9 juin au soir dans les travées du court Philippe-Chatrier. Il est 22h55 et l'arbitre du quart de finale de Roland-Garros opposant Novak Djokovic à Matteo Berrettini interrompt la rencontre pour faire évacuer le public. En cause, le respect du couvre-feu en vigueur sur le territoire national, et qui débute à 23h... ce qui laissait donc en théorie 5 minutes aux spectateurs pour rejoindre leur domicile.

Les détenteurs d'un billet pourront regarder la fin de la night session (match programmé dans la soirée) à la maison, à condition toutefois de disposer d'un abonnement sur Amazon Prime, qui retransmet ces rencontres. Quant aux joueurs, ils termineront la rencontre sans public.

Cette organisation particulière, liée aux restrictions sanitaires en vigueur contre le Covid-19, n'a pas été du goût de tout le monde. «On paye 500 euros pour voir deux-tiers de match, c'est inadmissible», s'étouffe un père de famille venu avec ses enfants, interrogé par le journal L'Equipe. Signe de ce mécontentement, c'est sous les sifflets et les huées que la sécurité évacuera le court, alors que fusent quelques «Remboursez !» et «merci Amazon !»

«Roland-Garros préfère Amazon aux spectateurs», estime Medvedev

Les jours précédents, le couvre-feu étant fixé à 21h, les night sessions s'étaient jouées sans aucun public. Une situation inhabituelle, là aussi, qui avait suscité la colère de certains joueurs. 

C'est le cas du russe Daniil Medvedev qui s'est incliné en quart de finale face à Stefano Tsitsipas devant un stade désespérément vide. Dans une interview au Parisien, le tennisman a résumé : «Roland-Garros a préféré Amazon aux spectateurs. C’est aussi simple que ça.»

Et de s'interroger : «Je pense que c’est une bonne chose quand on a des sponsors, parce que c’est comme cela que nous, en tant que joueurs, nous arrivons à gagner de l’argent. Mais cette fois-ci, cette année, on avait plus de personnes à Roland-Garros, nous avons Amazon mais nous obtenons 15 % en moins de récompenses. Donc la question est : où est l’argent d’Amazon ?»

Un peu plus tôt, le numéro 1 mondial Novak Djokovic s'était pour sa part exprimé sur la situation en des termes plus feutrés : «La seule chose qui m’attriste un peu, c’est qu’il n’y aura pas de spectateurs. Je ne savais pas et j’ai appris dimanche que le couvre-feu était fixé à 21 heures, ce qui est l’heure où est censé démarrer mon match. Jouer en Grand Chelem dans un stade vide, ça ne sera pas fun.»